Nicolas Dupont-Aignan : « La consultation des généralistes doit être portée à 35 euros »

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Publié le 15/12/2016
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

LE QUOTIDIEN : Votre programme n’évoque pas explicitement la question des déficits. Que comptez-vous faire pour restaurer l’équilibre ?

NICOLAS DUPONT-AIGNAN : Le problème de l’assurance-maladie est un problème de recettes, pas de dépenses ! Nous avons perdu deux millions d’emplois en deux quinquennats, si bien que les recettes ne sont plus au rendez-vous. Je veux relocaliser au moins un million d’emplois, soit un million de cotisants, pour financer notre système social. Si parallèlement, on maîtrise les dépenses, et si on gère mieux notre système de santé, il n’y aura plus de problème de financement.

Vous critiquez vertement le projet de François Fillon sur la santé…

Il y a une dramatisation du déficit qui vise à culpabiliser les professionnels de santé et les patients afin de démanteler la Sécurité sociale et la mettre entre les mains des complémentaires et assurances privées.

On nous explique que la seule solution, c’est de dissocier les « petits bobos » des gros et de confier au privé le petit risque ! Or, tous les médecins vous diront que c’est précisément quand on ne soigne pas bien les petits risques que surviennent les gros. Il est délirant de vouloir séparer les deux. Le petit risque est un magot considérable que les assureurs privés veulent capter. Si on appliquait le programme de François Fillon et ses 20 milliards de coupes dans les dépenses d’assurance-maladie, les grandes victimes seraient les classes moyennes et les retraités qui verraient leurs dépenses de santé augmenter fortement. Je mets aussi en garde les professionnels de santé. Ne croyez pas que vous y gagneriez !

Donnez-vous quitus à Marisol Touraine d’avoir redressé les comptes de l’assurance-maladie ?

Depuis 10 ans, la maîtrise comptable des dépenses a été trop loin et a asphyxié notre système de santé. J’en veux pour preuve que la progression de l’ONDAM est devenue très mince, et même trop faible si on prend en compte l’ensemble des besoins. Ma volonté bien sûr, c’est de contrôler les dépenses en fixant une progression raisonnable de l’ONDAM (environ 2,5 %) capable d’absorber les nouveaux besoins au regard du vieillissement de la population.

Que proposez-vous pour la médecine de ville ?

Cette croissance de l’ONDAM permettrait de revaloriser la médecine de ville. Si on veut éviter les dépassements d’honoraires, il faut augmenter les tarifs de base de tous les professionnels de santé.

La consultation des généralistes doit être portée à 35 euros, ce qui représente un coût de 2,5 milliards d’euros. Si la médecine de ville est en mesure de remplir son rôle de premier recours, on fera des économies sur l’hôpital. Quand on détruit la médecine de ville, l’hôpital s’engorge, coûte bien plus cher et risque de sombrer.

Il faut aussi porter à 10 000 le numerus clausus, et supprimer pour 5 ans toutes les charges sociales des médecins s’installant dans un territoire sous-doté. Enfin, il faut en finir avec la bureaucratie, comme le tiers payant et les tracasseries des caisses. Actuellement, mieux vaut être salarié d’un hôpital que médecin de ville.

Quid de l’Aide médicale d’état ?

Je la réserve aux urgences et aux maladies contagieuses. L’AME coûte près d’un milliard d’euros par an. Or, les statistiques montrent une explosion du nombre de bénéficiaires ces dernières années. Limitons cet appel d’air.

Que projetez-vous pour l’hôpital ?

Il faut complètement revoir l’organisation de l’hôpital et associer les soignants à sa gouvernance. J’ai un hôpital dans ma circonscription, avec des équipes de grande qualité, mais avec un taux d’absentéisme lié à une mauvaise organisation, des surcharges de travail et des problèmes de sécurité.

Il faut également mettre en place une vraie politique de prévention en s’appuyant notamment sur les nouvelles technologies et les nouveaux outils de dépistage. En parallèle, Je propose de rembourser à chaque Français âgé de plus de 40 ans un bilan de santé régulier.

Propos recueillis par Henri de Saint Roman

Source : Le Quotidien du médecin: 9543