Ces incidents ont surtout accentué l'anxiété des étudiants. « On leur annonce que la plateforme sur laquelle ils vont passer les ECN dans trois mois ne fonctionne pas, explique Sarah Daubresse. Ils n’ont aucune garantie qu’elle fonctionne dans trois mois, ils seront dans le flou jusqu’au bout. » Un fiasco d’autant plus « inadmissible » pour l'Anemf que cela fait des années que cette réforme est en préparation, en lien avec les nouvelles modalités d'accès au troisième cycle. « On avait largement le temps de l’anticiper mais on attend le dernier moment pour mettre les choses en place », ajoute la vice-présidente. 

Pour le CNG, ce qui compte, c'est juin

Contacté ce mercredi par « Le Quotidien », le CNG fait valoir qu’il n’a jamais été question « d’épreuves blanches ». Il s’agirait plutôt de simples « tests » pour vérifier la fiabilité de la plateforme utilisée en juin prochain pour les ECN nouvelle formule. « Comme on changeait la nature et les modalités des épreuves, cela changeait aussi la façon de les corriger, de les traiter dans nos plateformes, plaide Philippe Touzy, chef du département concours du CNG. On a fait des tests en mars, ce qui compte pour nous, c’est le mois de juin ».

De fait, des tests ont été réalisés en amont avec des robots, sans empêcher totalement le risque de problèmes techniques. « On savait que l’on toucherait au cœur du réacteur car les épreuves changent de configuration, ce qui suppose de réécrire des lignes de programme », explique Philippe Touzy. Or, « rien ne remplace le réel, ce n’est pas la même chose d’avoir des robots qu’une situation en temps réel avec 34 UFR dans toute la France, avec des tests de couvertures réseau. » 

Le CNG se félicite du moins de la fin du processus. « Au terme de la troisième journée d’épreuves tests pour les ECNi, 99 % des étudiants ont pu mener à terme l’épreuve de lecture critique d’articles (LCA), assure-t-il. La veille, ce sont 97 % des étudiants qui ont pu valider totalement leur épreuve de composition. »  

Audit réseau

Ces graves aléas auront du moins permis de mettre en lumière le fait que « des réseaux internet ont des difficultés, ce qui veut dire qu'il faudra refaire un audit complet du réseau », concède Philippe Touzy.

Alors que l'Anemf pointe le manque d'anticipation (« aucun test de charge satisfaisant »), le CNG aurait identifié « les principales raisons techniques de ces bugs », si bien qu’il n’est « pas inquiet pour juin 2023 ». Néanmoins, il est probable que le CNG refasse une une journée test complémentaire car « on ne veut pas se lancer sur des épreuves en juin en restant sur cette impression ».

En revanche, Philippe Touzy balaie les critiques selon lesquelles les étudiants avaient besoin de ces épreuves blanches pour « se projeter ». Selon lui, ces épreuves ne donnaient pas d’indication sur le classement national car « il s’agissait de classements par UFR ». De surcroît, « l’expérience a montré que ce n’est pas parce que vous avez telle note aux épreuves blanches que c’est un indicateur pour juin ».

Copies et correction détaillée

À trois mois du concours, les étudiants se désespèrent d'avoir « sanctuarisé » trois journées pour composer ces épreuves inédites dans un contexte aussi anxiogène. L'Anemf juge « honteux qu'à cause de ces dysfonctionnements cet unique entraînement, déjà déstabilisant au vu des nouvelles modalités docimologiques, ait été gâché ».

Elle réclame la restitution des copies et une correction détaillée, notamment sur les réponses acceptées pour les questions à réponse ouverte courte (Qrocs). Et souhaite surtout que tous les étudiants puissent passer au plus vite de nouvelles « épreuves blanches complètes nationales »… sur une plateforme « fonctionnelle, fiable et opérationnelle ».