À quelques mois du très attendu arrêté d’ouverture des postes d’internes pour la rentrée prochaine, le ministère de la Santé a imposé une augmentation plafonnée à 3 % des recrutements de carabins sur toute la France. Trop peu et « totalement déconnecté du besoin réel », selon l’URPS médecins d’Île-de-France, qui dénonce la décision dans un communiqué commun avec le Syndicat des internes des hôpitaux parisiens (SIHP), la région Île-de-France, le conseil régional de l’Ordre et l’ensemble des autres URPS (pharmacien, infirmier, kiné…) franciliennes.
Dans les faits, la proposition du ministère reviendrait à ajouter 45 postes d’internes supplémentaires en Île-de-France seulement, pour renforcer les 1 500 carabins déjà présents sur le territoire. Face au mécontentement des jeunes et des libéraux, l’Agence régionale de santé a finalement proposé le 20 avril au soir une augmentation de 10 % des postes d’internes en novembre 2022. Une résolution, là encore, « tout aussi déconnectée », pour les URPS, qui enjoignent pour leur part à « doubler le nombre d’internes franciliens pendant les trois prochaines années ».
Plus grand désert médical
S’ils jugent hors sol ces chiffrages, c’est que « cette décision intervient dans un contexte médical extrêmement tendu, avec un zonage régional plaçant l’Île-de-France en tête des territoires souffrant de difficultés d’accès à un médecin généraliste libéral », rappelle les URPS et les jeunes. Départs à la retraite non remplacés, fermetures de centres d’urgence libérale, listes de gardes qui ne sont plus totalement remplies depuis plusieurs mois… En sept ans, la région parisienne a vu le nombre de territoire étendu en « zone d’intervention prioritaire » multiplié par 9. Ces ZIP couvrent désormais 62 % de la région. Un Francilien sur dix n’a pas de médecin traitant.
En mars dernier, l’URPS Île-de-France avait déjà rendu public ses calculs : 3 742 médecins libéraux de moins qu'il y a dix ans dans la région, dont 1 821 généralistes. Les autres spécialités les plus touchées sont la dermatologie, la gynécologie, l'ophtalmologie et la rhumatologie. « Ce qui fait de l'Île-de-France le premier désert de France métropolitaine, devant la région Centre-Val de Loire », alertait alors la Dr Valérie Briole, présidente de l’Union, qui réclamait déjà 300 postes d’internes supplémentaires la rentrée 2022.
3 000 postes par an
Désormais, les libéraux vont plus loin et réclament « 3 000 postes d’internes par an au lieu des 1 500 actuels, afin de retrouver une situation démographique médicale équivalente à celle de 2010 ». Une estimation qui tient compte des praticiens franciliens partis à la retraite sans successeur, des installations en libéral, « de la projection des départs des médecins de plus 65 ans (plus de 5 000 médecins actuellement en exercice) », mais aussi « du retard cumulé du nombre d’internes nommés annuellement non adapté depuis 2010 », précisent-ils.
Et effectivement, si l’on épluche les affectations d’internes depuis 10 ans, force est de constater qu’aucune augmentation n’a été décidée depuis les années 2010. Chaque année, inlassablement, entre 1 400 et 1 500 carabins sont affectés dans la région – toutes spécialités confondues -, sans réelle variation. Pourtant, en parallèle, un bon millier d’internes en plus sont entrés dans le contingent national depuis 2012, passant de 7 500 environ à près de 9 000 aujourd’hui.
Pour absorber ce doublement de postes tant espéré - sans surcharger les hôpitaux de la région - les libéraux parisiens proposent d’élargir les capacités d'accueil des internes aux cabinets libéraux. L’URPS réclame ainsi l’ouverture de 500 lieux de stages en ville dans les deux ans, « dans le respect des programmes pédagogiques comme le prévoient les maquettes universitaires ».
Refus
Face au constat « partagé » de désertification médicale dans la région, « l’ARS prône une approche en demi-teinte ne souhaitant pas afficher le réel besoin francilien pour se rapprocher du quota imposé par son ministère de tutelle », regrettent encore les URPS, les internes parisiens, l’Ordre et la Région. En conséquence, l’URPS médecin d’Île-de-France a décidé de quitter la table, et refuse d’être associée à la proposition de l’ARS sur le calcul du nombre de postes d’internes à ouvrir.
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