L’accès aux soins est l’enjeu prioritaire du volet santé du Conseil national de la refondation (CNR) lancé ce lundi 3 octobre depuis Le Mans. Ce même jour, une partie des structures représentatives des étudiants et jeunes médecins tenait justement un colloque sur l’accès aux soins.
Après un état des lieux de la situation, l’Anemf, l’Isnar-IMG et ReAGJIR ont présenté un ensemble de solutions pour remédier aux problèmes d’accès aux soins. Au-delà des actions sur la formation qui auront des effets à plus ou moins long terme, les jeunes médecins ont également mis en avant des idées pour libérer du temps médical dès maintenant et agir sur la demande de soins.
Pour cela, il s’agit de faire la guerre aux exigences administratives omniprésentes et de diminuer les consultations pour motif non médical. C’est notamment le combat contre l’inflation des certificats médicaux qui est porté. « Ce n’est pas du tout les usagers qu’on cherche à blâmer quand on parle de consultation pour motif non médical, explique Elise Fraih, présidente de ReAGJIR. C’est tout ceux qui forcent les usagers à recourir à ces consultations ».
Supprimer une partie des certificats
Premier grief des médecins, les certificats en tout genre qui embouteillent les cabinets particulièrement à la rentrée. Les jeunes médecins en citent plusieurs à proscrire. C’est le cas des certificats d’absence scolaire qui normalement dans la loi sont déjà non exigibles, « et de toute façon un parent est apte à dire que son enfant n’est pas à l’école », souligne le Dr Fraih.
Idem pour les certificats d’autorisation de délivrance de médicaments, à destination des crèches ou des assistantes maternelles notamment. « À partir du moment où il y a déjà une ordonnance, ça suffit », ajoute la généraliste.
Pour les certificats d’inaptitude, d’embauche, même s’ils sont « utiles », « cela relève de la médecine du travail », estime la présidente de ReAGJIR.
Quant aux certificats d’aptitude à la vie en collectivité, ils sont exigibles depuis le décret du 30 août 2021 car le référent Santé et Accueil inclusif des crèches n’est plus forcément médecin. « Mais est ce qu’une photocopie du carnet de santé où l’on constate que tout est dans les bonnes cases, notamment les vaccinations, n’est pas suffisant », interroge-t-elle.
Mais à chaque rentrée scolaire, ce sont évidemment les certificats de non contre-indication à la pratique sportive qui prennent toujours autant de temps aux généralistes.
Pourtant depuis le décret du 7 mai 2021, pour les mineurs, le certificat a été allégé par un questionnaire simplifié. Mais pour les majeurs, les modalités restent librement fixées par les fédérations. Les jeunes médecins suggèrent donc de passer là aussi à un questionnaire simplifié. « Un texte édité par le ministère et l’Ordre existe déjà et fixe une liste limitative de certificats médicaux exigibles, mais il n’a aucune valeur réglementaire. Nous voudrions donc le fixer dans la loi », explique Elise Fraih.
Et au-delà des certificats sportifs, les jeunes médecins veulent aussi faire la chasse à tous les certificats, plus farfelus les uns que les autres, qui pullulent : certificat de non contre-indication à la pratique du théâtre, droit à une pause pour boire de l’eau au travail… « l’autre jour j’étais contente de le vivre, j’ai eu une demande pour un certificat pour la pratique du sabre laser », partage Elise Fraih.
Autodéclaration pour les arrêts de travail courts
Autre sujet auquel les jeunes médecins veulent s’attaquer, les arrêts de travail. Pour ceux de courte durée, inférieure au nombre de jours de carence, ReAGJIR avance l’idée d’une autodéclaration sans IJ avec un quota maximum annuel. « Je vous garantis que les frais de gestion de la mesure seront compensés par la diminution du nombre d’actes médicaux, particulièrement en période épidémique », avance la présidente du syndicat.
Donner la possibilité au patient de faire eux-mêmes, c’est aussi la proposition de la structure pour la demande des bons de transport aux CPAM. Elle souhaite la mise en place d’une demande en ligne avec un questionnaire simplifié qui doit pouvoir être faite par le patient avec un contrôle du médecin-conseil.
Ne plus remplir les dossiers d'assurance
Au niveau de la charge administrative qui sature les médecins, les jeunes médecins identifient un certain nombre des « faux besoins administratifs », et le remplissage des dossiers MDPH y tient une place de choix. Ils pointent notamment des renouvellements trop fréquents et des certificats simplifiés refusés malgré la stabilité du statut du patient. « Même pour des handicaps de naissance sans perspective d’amélioration, il faut renouveler régulièrement les certificats. Pourquoi ? Cela encombre nos consultations et c’est dur pour l’usager », estime Elise Fraih.
Concernant la rédaction des projets d’accueil individualisé (PAI), pour aider les généralistes sur la marche à suivre, les jeunes médecins suggèrent la création de modèles nationaux par pathologies en s’appuyant sur la médecine scolaire.
Enfin, les généralistes sont confrontés à des nombreuses demandes pour remplir des dossiers à destination des assurances.
« Pour nous c’est conflictuel, cela soulève le problème du secret médical, souligne Elise Fraih. Si l’assurance veut se couvrir, qu’elle reçoive le patient avec un médecin dédié à cela et décide en connaissance de cause ».
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