Désertification médicale

Pyrénées-Atlantiques : un guichet unique fait le plein de jeunes médecins

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Publié le 22/03/2024
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Présence médicale 64, guichet unique dédié à l’accueil des internes et jeunes médecins en Pyrénées-Atlantiques, fidélise les professionnels en misant sur un accompagnement humain et sur mesure. Trente-six généralistes se sont installés grâce à ce dispositif.

Week-end d’intégration organisé par le SIMGA et son président, Quentin Verne (à droite)

Week-end d’intégration organisé par le SIMGA et son président, Quentin Verne (à droite)

La Dr Roxane Bailleul, médecin généraliste de 30 ans installée à Pontacq (Pyrénées-Atlantiques) depuis juillet, n’a pas hésité longtemps à la fin de son internat avant de poser ses valises dans cette petite commune de 3 000 habitants située entre Lourdes et Pau. Cette Normande de souche, formée à Bordeaux, est très vite tombée amoureuse du coin. « En arrivant à Bordeaux, j’ai eu l’occasion de découvrir les Pyrénées-Atlantiques lors de week-ends. J’ai tout de suite été séduite par l’environnement, la belle nature et les montagnes », se souvient l’omnipraticienne.

Rando, dégustation de fromage de chèvre, rencontre avec les locaux, j’ai trouvé la région très chaleureuse

Dr Roxane Bailleul, généraliste à Pontacq (64)

C’est lors de séjours d’intégration organisés par le Syndicat des internes en médecine générale d’Aquitaine (Sigma) et Présence médicale 64, un dispositif d’aide à l’accueil et l’installation des jeunes médecins – copiloté par le département des Pyrénées-Atlantiques et l'ARS –, que la jeune femme découvre les atouts du territoire. « Rando, dégustation de fromage de chèvre, rencontre avec les locaux, j’ai trouvé la région très chaleureuse », se remémore la généraliste.

Accompagnement personnalisé

Petit à petit, son projet d’installation s’affine et se concrétise. « Je voulais un exercice coordonné, dans un milieu rural ou semi-rural, idéalement en maison de santé pour travailler avec d’autres professionnels, détaille-t-elle. J’ai exposé à l’équipe de Présence médicale 64 toutes mes envies et ils ont su m’écouter, m’épauler, me conseiller et très rapidement m’orienter vers des endroits où exercer. C’est comme ça que j’ai rencontré le médecin à qui j’ai succédé ! »

Aides à l’installation ou au remplacement, hébergement et accueil pour le stage d’internat, demande de mise en réseau, recherche d'emploi du conjoint ou encore aide pour la scolarisation et la garde des enfants : « Nous proposons un accompagnement personnalisé en prenant en compte tout le projet de vie de l’interne ou du jeune médecin », fait valoir Nadine Hiale, directrice de Présence médicale 64. « Quand ces jeunes arrivent en Pyrénées-Atlantiques, nous sommes un peu comme leur boussole », glisse la Béarnaise, sourire aux lèvres.

Résultats prometteurs

Présence médicale 64, qui fédère l’ensemble des acteurs de santé du territoire, s’occupe aussi de la mise en relation avec le bon interlocuteur. « Chaque organisme est représenté par un référent unique, explique Nadine Hiale. Il y a ainsi Sabine à la Cpam, Mathilde à l’ARS, Catherine à l’Ordre des médecins, et ainsi de suite », illustre-t-elle.

Côté démarches administratives, là encore, l’équipe du guichet unique se montre très facilitatrice. « Ils m’ont simplifié grandement la vie et ont carrément fait le boulot à ma place », admet la Dr Bailleul, aujourd’hui encore très reconnaissante. Sans cet accompagnement aux petits oignons, la généraliste l’admet : « J’aurais certainement retardé mon installation et fait des remplacements pendant plusieurs mois car j’étais effrayée par toutes ces démarches ».

L’humain avant tout

Comme elle, de nombreux médecins ont déjà bénéficié de cet accompagnement personnalisé. Depuis 2017, ce dispositif a débouché sur 36 installations dans le département. Dix-huit personnes de plus sont épaulées pour des installations pressenties en 2024-2025.

La recette d’un tel succès ? Une approche humaine, « car ce sont des jeunes avant tout », confie Nadiale Hiale, à quoi s’ajoute une pincée de convivialité, une équipe soudée et surtout pas de pression exercée. « Ils sont très sympas, résume Quentin Verne, interne de médecine générale et président du Sigma, un des partenaires du guichet unique. Ils ne cherchent pas du tout à survendre leur département ou nous parler directement d’installations. »

Généralisation du guichet unique : où en est-on ?

Mesure portée depuis plusieurs années par les syndicats d’internes et jeunes médecins, la création d’un guichet unique départemental d’accompagnement à l’installation a été entérinée dans le budget Sécu 2023 et reprise dans la loi Valletoux. En mai 2023, l’ancien ministre de la Santé François Braun avait annoncé le lancement d’une mission, en concertation avec les élus, afin d’« identifier les conditions de succès du déploiement des guichets uniques partout en France ». Mais la valse des ministres à Ségur a laissé sans nouvelles les syndicats sur le devenir de cette mission. « C’est silence radio, déplore le Dr Raphaël Dachicourt, qui représente les jeunes installés et remplaçants (Reagjir). Avoir un texte qui se traduit dans la loi est une première victoire mais il faut aller plus loin ! » Force de propositions, Reagjir et l’Isnar-IMG ont émis des recommandations pour bâtir un modèle pertinent : cahier des charges national destiné à agréer des structures déjà existantes, référent unique identifié, matching entre besoins du territoire et projets professionnels, financement par l’ARS… « En somme, ce que fait Présence médicale 64 », résume le Dr Dachicourt.

Aude Frapin

Source : Le Quotidien du Médecin