La répétition des violences anti-françaises

La liberté et la vie

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Publié le 06/11/2020
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Dans un climat assombri par les conséquences économiques et sociales de la pandémie, la France ne saurait réduire la liberté d'expression. La propagande des dictateurs et populistes qui entretiennent allègrement l'aversion pour la France n'ont pour objectif que de couler notre nation.
Manifestation anti-française à Lahore le 29 octobre

Manifestation anti-française à Lahore le 29 octobre
Crédit photo : AFP

La première chose à dire, c'est que la fréquence des attentats au couteau, même si elles nous plongent dans le deuil, le désarroi et la consternation, n'a déclenché aucun mouvement de représailles dans la population chrétienne. C'est l'honneur de l'Église catholique d'avoir répondu à une vague de haine par l'amour et le maintien du dialogue, et l'honneur du pouvoir d'examiner cette crise très grave avec le concours des organisations musulmanes, lesquelles sont à mille lieues, pour la plupart, d'exprimer des revendications comparables à celles de la Turquie ou d'autres pays musulmans. Ces réactions positives, de part et d'autre, n'enlèvent rien à la complexité du dilemme. 

Le gouvernement doit protéger l'ensemble de la population sans distinction de race ou de religion ; il ne peut pas céder aux exigences des pouvoirs populistes, démagogiques ou dictatoriaux sans déclencher un drame national et au moins peut-il se satisfaire du consensus qui rassemble à peu près tous les partis. Toutefois, il est confronté à des formes d'opposition qui s'expriment hypocritement sur la réelle nécessité de publier des caricatures et de provoquer une religion qui figure parmi les trois religions révélées. Ceux qui s'inquiètent de la « stigmatisation » de l'islam à la faveur du différend idéologique entre chrétiens et islamistes radicaux ont parfois une part de sincérité : il n'est pas impossible qu'ils soient sensibles aux affres d'une communauté clouée au pilori. En réalité, si l'on tient compte des manipulations, des fabrications, des mensonges et des desseins délétères de quelques détenteurs du pouvoir à l'étranger, il ne s'agit pas d'une indignation spontanée, mais bel et bien d'une offensive contre notre pays.

À celle-ci coopèrent effectivement des éléments venus de l'islamo-gauchisme et qui souhaiteraient que nous changions nos institutions pour y introduire des dogmes importés ; des socialistes qui affrontent le terrorisme avec un sentiment de culpabilité, lié au colonialisme ou à la misère des immigrants ; des satrapes, comme à Médiapart, qui ne se contentent pas de révéler des scandales politiques, mais militent activement contre la majorité. Toutes ces personnes ne sont pas en mesure de modifier les faits par un coup de baguette magique. Elles évoluent sur une crête qui surplombe l'ignominie. Elles ne sont pas loin de tenter de convaincre nos concitoyens qu'ils ont des gages à offrir à l'islam.

Bourreaux et victimes

Bien entendu, les circonvolutions de leurs esprits contribuent seulement à l'affaiblissement de la nation au prix d'un renversement des valeurs qui n'est révolutionnaire qu'à leurs yeux et risque fort de nous plonger dans une durable impuissance. Les choses ne sont pas ce qu'ils disent : les terroristes sont les bourreaux dont les citoyens français sont les victimes. Des islamistes radicaux appliquent une peine de mort abolie en France. Ce sont de purs assassins. Et aussi des lâches, car ils s'attaquent, sans crier gare, à des civils innocents et désarmés.

L'actualité, autant que l'histoire, nous propose des cas nationaux où la liberté est l'essence même de la vie : la Biélorussie après l'Ukraine, l'Arménie, les Rohingyas, les Ouïgours et Hongkong et tant d'autres lieux où la haine et la xénophobie dévorent littéralement les minorités. Ce qui est indispensable à un peuple, ce ne sont pas les caricatures, c'est la liberté d'expression. Peut-être faudra-t-il mille ans pour qu'elle s'impose dans le monde entier. Mais nous, en ce qui nous concerne, ne pouvons pas faire le voyage en sens inverse et réduire nos libertés, dans le but de dépassionner un débat et d'arrêter le bras du porteur de couteau. Nous devons, certes, continuer à protéger nos musulmans innocents. Mais il ne faut pas faire de quartier aux criminels, il ne faut pas céder à la haine, il faut camper sur notre socle de valeurs. Elles sont les meilleures du monde ; et ceux qui craignent les effets de la « répression », un peu comme les absentéistes aux élections, renforcent l'ennemi.

Richard Liscia

Source : Le Quotidien du médecin