Entretien avec le Pr Vincent Renard, président du CNGE

30 ans de CNGE et encore des batailles à mener

Publié le 15/11/2013
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La filière universitaire de médecine générale sera à l’honneur lors du 13e Congrès du Collège national des généralistes enseignants (CNGE), les 28 et 29 novembre, à Clermont-Ferrand. Son président évoque aussi les problèmes du moment : pas assez d’enseignants titulaires et du retard dans les thèses.

Le Généraliste. Quels vont être les temps forts de ce Congrès 2013 ?

Vincent Renard. En dehors du nombre de participants qui va probablement battre un record cette année, la grande plénière du conseil scientifique sur la prise en charge thérapeutique du patient diabétique de type II sera très marquante. Tout comme la plénière d’ouverture sur l’historique des 30 ans du Collège National des Généralistes Enseignants et celle sur l’état des lieux sur la médecine générale universitaire qui clôturera le congrès.

La ministre de la Santé sera-t-elle présente ? Quel message allez-vous lui faire passer ?

V.R. La visite de Marisol Touraine est prévue mais nous attendons encore sa confirmation. Nous avons beaucoup de choses à lui dire sur le développement de la filière universitaire et sur l’importance de la formation médicale initiale. Deux éléments très importants si l’on veut améliorer de manière globale les problématiques de démographie et d’accès aux soins. Pour le moment, nous avons relevé une vraie intention de sa part mais il y a encore de grandes pesanteurs et de grands blocages qui font que cette année encore

nous avons dû pour quelques postes nous battre beaucoup avant d’obtenir satisfaction.

Quelle est la situation aujourd’hui des généralistes enseignants ?

V.R. Il y a aujourd’hui 41 généralistes enseignants titularisés : 32 professeurs et 9 maîtres de conférences. Ce nombre est insuffisant. Si on reprend ce que disaient les textes de la loi HPST qui pointaient la nécessité de 50 postes temps plein par an sur quatre ans, on devrait en être à 200. On est encore loin du compte. Et le problème s’aggrave car aujourd’hui nous sommes confrontés à une situation où les flux s’accumulent. Actuellement, le nombre d’internes qui sont toujours en cours de cursus augmente, non seulement à cause de la croissance des entrants, mais aussi parce qu’on n’arrive pas à en diplômer autant par manque de moyens humains. Sur 9 000 internes dans le cursus des trois ans du DES, plus de 4 000 ont fini mais ne sont toujours pas diplômés.

Alors qu’ils sont déjà très débordés, arrivez-vous à convaincre les médecins généralistes de devenir maîtres de stage ?

V.R. Leur nombre est passé de 3 500 à 6 700 en cinq ans. Ce chiffre traduit bien l’effort qui a été réalisé mais il en faudrait 2 500 de plus. On a beaucoup communiqué autour de cela. Pour devenir maître de stage, c’est très simple : il faut tout simplement faire acte de candidature auprès du département de médecine générale de la faculté dont on dépend et suivre ensuite une formation pédagogique. Ce n’est pas très compliqué mais il faut que la démarche soit claire. Cela demande de la rigueur et de l’investissement.

Quelle est l’originalité de votre structure par rapport au Collège de la médecine générale ?

V.R. Le Collège regroupe tout le monde : le pôle universitaire, scientifique et professionnel. Le CNGE constitue la partie universitaire et académique. Notre rôle est aussi de développer les travaux en médecine et avoir une expertise sur les données de la science en médecine.

Ces derniers mois, le CNGE a publié des avis sur le diabète, le VIH ou le PSA... Sur ce dernier point, avez-vous l’impression d’être suivi par les généralistes ? Et, dans les faits, la médecine générale peut-elle s’auto-suffire en matière d’expertise ?

V.R. Bien sur que non. La médecine est, par essence, collaborative et nous sommes très demandeurs de collaborations et d’échanges mais nous avons aussi notre opinion. Dans la grande plénière sur le diabète par exemple, il n’y aura pas que des généralistes enseignants qui interviendront à la tribune. Pour le PSA, nous partons d’années de matraquage médiatique sur les bienfaits supposés de ce dépistage et il est difficile de changer les mentalités. Mais, chez les jeunes médecins, les messages de la communauté scientifique des généralistes sont beaucoup mieux entendus.

Propos recueillis par Caroline Laires-Tavares, caroline.laires-tavares@legeneraliste.fr

Source : lequotidiendumedecin.fr