Dès le printemps les centres de santé pourront, comme c'est déjà le cas pour les médecins libéraux, bénéficier d'une aide financière pour recruter un ou plusieurs assistants médicaux. Le président de l'Union syndicale des médecins de centres de santé (USMCS) et généraliste à Malakoff (92) Dr Éric May (photo) salue cette avancée pour l'accès aux soins mais regrette notamment que ce dispositif privilégie des objectifs quantitatifs. Entretien.
Quel rôle aura selon vous l’assistant médical dans les centres de santé ?
Dr Éric May : « Tout reste à faire pour l’instant. Les centres de santé ont déjà intégré des nouveaux métiers qui sont très proches des assistants médicaux tels qu’ils sont définis par l’Assurance maladie. Nous avons déjà anticipé, réfléchi et mis en place des organisations qui créent cette fonction à deux niveaux : l’aide à l’acte médical en périphérie de la consultation d'une part (organisation du cabinet, aide à l’hygiène et la stérilisation…) et l'aide au fonctionnement administratif et social des patients d'autre part. On peut aussi imaginer que ces assistants occupent à l’avenir une fonction de pré-accueil des soins non programmés dans les structures. Dans beaucoup de centres polyvalents « matures », principalement franciliens, il y a toujours deux ou trois postes dédiés à ces taches-là. Or l'un des problèmes de ce dispositif est que ces personnels déjà embauchés ne puissent pas bénéficier de ce nouveau statut en centre de santé. Cela nous a été refusé et c'est un vrai regret. La formation des assistants méritera également d’être précisée et cadrée. »
Les objectifs chiffrés de l'Assurance maladie pour pouvoir bénéficier du financement vous paraissent-ils raisonnables ?
Dr Éric May : « Les contreparties attendues, celles de nos collègues libéraux comme les nôtres, sont des objectifs uniquement quantitatifs et ne sont pas adaptées. Il n’est pas raisonnable de s’engager sur de tels chiffres. Il aurait été plus pertinent selon nous de donner un temps d’observation et surtout de mettre en place des indicateurs de qualité. Les avenants ne prévoient pas d'évaluer le service à l’usager. Or, ce n’est pas l’assistant médical, en libéral comme en centre de santé, qui va permettre d’augmenter de 25 % la file active mais bien le recrutement de nouveaux médecins. L'assistant médical aura certainement une influence sur la file active mais il va surtout permettre de développer la qualité de la prise en charge des patients. Nous espérons que ces contreparties chiffrées seront rediscutées à la Cnam. »
Que répondez-vous à certains syndicats de médecins qui estiment que ce dispositif devrait être réservé aux libéraux ?
Dr Éric May : « Il n’a jamais été dit que les assistants avaient pour unique but de secourir le soldat libéral. Il est là pour apporter une réponse nouvelle à l'accès aux soins et est un soutien supplémentaire au service de tous les médecins, libéraux ou salariés, mais surtout au bénéfice des patients. C’est une initiative à saluer, même si elle a ses limites. Il faut tester ces évolutions d'organisation mais ne surtout pas en avoir une vision restrictive. Les centres de santé sont présents aujourd’hui dans l’offre de soins, au même titre que les Maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP), que les équipes de soins primaires (ESP) et leur nombre ne fait qu’augmenter. Il faut soutenir tous les modèles. »
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