Éditorial

Bonne pioche ?

Publié le 14/06/2015
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C’est une petite surprise, mais est-ce vraiment une si bonne nouvelle ? Nombreux seront sans doute les praticiens à se poser la question en découvrant les statistiques que nous révélons cette semaine. Ces tout premiers chiffres issus des dernières déclarations fiscales des médecins libéraux attestent en effet d’une année 2014 convenable pour la plupart des spécialités. La médecine générale ne fait pas exception à la tendance et affiche une gentille progression de ses bénéfices que l’UNASA évalue à + 2,8%, à peu près dans la moyenne des autres disciplines. À bien y regarder pourtant, on nuancera quelque peu cette impression. Car si le cru 2014 n’a pas été si mauvais que ça, c’est d’abord du fait d’une pause – sans doute temporaire – sur la croissance des charges. En revanche, si l’on s’intéresse aux seules recettes, elles tournent autour ou en dessous de 2% dans la plupart des spécialités.

 

Pour les médecins de famille, il n’y a d’ailleurs pas lieu de se réjouir trop vite. Ne serait-ce que parce que la hausse de l’an passé est aussi la conséquence d’un déclin démographique qui rend de plus en plus difficile l’exercice quotidien de nombre d’entre eux. Les données de l’Ordre, rendues publiques mardi, n’évoquent-elles pas une baisse de 10 % en cinq ans des effectifs de généralistes ? Côté syndicats, la nouvelle est aussi à double tranchant. Certes, la CSMF et MG France, qui ont porté les récents accords conventionnels avec les caisses, pourront se prévaloir d’un effet avenant n° 8 non nul sur la rémunération de leurs confrères. Un argument toujours bon à prendre à l’approche des élections aux URPS. En même temps, prudence : les pouvoirs publics auront beau jeu de répondre aux revendications tarifaires actuelles des médecins sur l’air du « j’ai déjà donné »…

 

La vérité, pourtant, est que la situation financière des spécialités cliniques, celle de la médecine générale en particulier, n’est pas à la hauteur du rôle qu’on prétend leur faire jouer demain. Et même si en 2014 la médecine de ville se maintient, les évolutions de ces dernières années ne changeront pas grand-chose à la donne. Et aucun signal positif n’est attendu pour 2015. On parle pourtant de « virage ambulatoire »... On copie le P4P... On veut généraliser le tiers payant... Alors singeons le modèle anglais jusqu’au bout. Au début des années 2000, le coup de pouce sur les soins primaires,s’est traduit outre-Manche par des hausses de l’ordre de 15 % par an sur les revenus des GP’s…


Jean Paillard, directeur de la rédaction

Source : lequotidiendumedecin.fr