Entre les dentistes et la Sécu, les négociations conventionnelles ne sont pas de tout repos. Après une dernière séance de discussion mi-décembre et alors que deux dernières séances sont prévues les 19 et 20 janvier, le temps presse, puisque, faute d'accord au 1er février, un règlement arbitral interviendra. Or l'entrevue organisée vendredi entre les syndicats de dentistes et l'Assurance maladie s'est plutôt mal passée. Les deux principaux syndicats de chirurgiens-dentistes (FSDL et CNSD) ont en effet décidé de suspendre leur participation aux négociations, dans l'attente de nouvelles propositions de revalorisation de leurs actes, jugeant les dernières "insuffisantes". Le rendez-vous de vendredi "n'a pas permis d'apporter de réponse suffisante à toutes les carences constatées", déplore dans un communiqué la CNSD, qui dit attendre que la cnamts "se ressaisisse". Même constat pour le FSDL qui juge "les mesures proposées par le directeur de l'Assurance maladie inacceptables" et lui demande de revoir sa copie d'ici la prochaine réunion.
L'origine du différend porte sur le tarif des prothèses. Selon le président du FSDL, Patrick Soldera, le prix moyen d'une couronne se situe dans "une fourchette de 500 à 700 euros" suivant les régions. Or, l'Assurance maladie propose de plafonner les tarifs "à 500 euros". "Du jour au lendemain les deux tiers des dentistes vont devoir baisser (ces) honoraires de 20 à 30 %", souligne-t-il. Les revalorisations des soins conservateurs prévues en contrepartie sont insuffisantes, juge le syndicat. "On nous propose des revalorisations de 30 % en moyenne, alors qu'il faudrait tripler" le montant des tarifs, s'indigne Patrick Solera, prenant en exemple la dévitalisation d'une molaire dont le tarif proposé passerait "de 82 à 90 euros".
Autre source de bisbilles : la CMU. Le barème des actes du panier de soins pour les bénéficiaires de la CMU-complémentaire est "loin de la réalité des coûts", selon la CNSD. "C'est la profession qui supporte une partie de la prise en charge de leurs soins", souligne sa présidente, Catherine Mojaïsky. "Si on veut prendre en charge cette population précaire, il est normal qu'il y ait un geste supplémentaire", ajoute-t-elle.
De son côté, la cnamts relativise, faisant valoir que la séance de ce jour a permis d’améliorer encore ses propositions initiales : "En cas d’accord, ces négociations aboutiraient à un investissement total de 743 millions d’euros dont 535 millions pour l’assurance maladie obligatoire. Près de 65 % de cet effort financier se traduiraient par une baisse du reste à charge des assurés et les 35 % restant par une augmentation des honoraires des chirurgiens-dentistes." Et d'interpréter "la décision annoncée par deux des trois syndicats de suspendre – et non pas de rompre - leur participation" comme "l’expression d’une attente de leur part d’évolutions supplémentaires dans la recherche d’un bon équilibre."
Et la caisse de protester de sa bonne volonté, notamment en prévision de la suite : "D'ici au 19 janvier, date de la prochaine réunion, l’Uncam adressera aux partenaires conventionnels un projet d’avenant complété prenant mieux en compte leurs demandes de valorisations de certains actes innovants. »
(avec AFP)
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