Face aux médecins de la CSMF, Véran botte en touche sur la revalorisation des actes

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Publié le 05/09/2020
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Olivier Véran échange via Skype avec les médecins de la CSMF

Olivier Véran échange via Skype avec les médecins de la CSMF
Crédit photo : P. Chagnon

Il y avait comme de la friture sur la ligne... Invité à s'exprimer ce samedi matin devant les cadres de la CSMF réunis en université d'été à Antibes Juan-Les-Pins, Olivier Véran avait opté pour un échange via Skype. Et le moins que l'on puisse dire est que la connexion n'a pas semblé parfaite entre les interlocuteurs. Cette téléconsultation n'a d'ailleurs abouti à aucune ordonnance, le Dr Véran n'ayant pas répondu à la principale demande d'un traitement de choc pour la médecine libérale formulé par le Dr Jean-Paul Ortiz. Offensif, le patron de la CSMF a en effet une nouvelle fois réclamé une revalorisation des actes médicaux dans le cadre des négociations conventionnelles qui vont s'ouvrir. « Rien n'a été fait à ce jour pour la médecine libérale, a asséné le président de la Confédération. Les médecins libéraux ne comprennent pas car ils ont payé un lourd tribut à cette crise de la Covid-19 (...) Ils sont amers, révoltés. Il est urgent de redresser la barre de façon significative. On ne comprendrait pas que les uns (à l'hôpital, NDLR) aient eu des dizaines de milliards d'euros et que les autres n'aient que trois cacahuètes. » Le leader syndical a prévenu qu'en l'absence d'avancées tarifaires possibles dans le prochain avenant conventionnel, il ne pourrait pas y avoir d'accord.

Un ministre langue de bois

Sans se départir de son calme, et après avoir salué « l'engagement remarquable » des médecins libéraux pendant la crise sanitaire, Olivier Véran a assuré qu'il suivrait « de près » les négociations qu'il vient de relancer « pour que chacun puisse s'y retrouver ».

Plutôt que de voir le verre à moitié vide, le ministre l'a au contraire présenté à moitié plein. S'il n'a à aucun moment parlé de revalorisation des actes, Olivier Véran a énuméré les actions déjà entreprises pour aider la médecine de ville. Il a ainsi cité la compensation des pertes de revenus de la profession liés à la baisse d'activité ou à la fermeture de cabinets au plus fort de la crise. Le ministre de la Santé a rappelé l'assouplissement réglementaire de la téléconsultation pendant la crise prise en charge à 100 % par l'Assurance maladie. Et a par ailleurs assuré ne pas être fermé à la réouverture de la téléconsultation téléphonique (qui n'est plus remboursée depuis la levée de l'urgence sanitaire, le 11 juillet dernier).

Olivier Véran a aussi salué l'action des professionnels libéraux sur le terrain pendant l'acmé de la crise sanitaire dans le cadre des CPTS qui devraient bénéficier de financements complémentaires. Enfin, il a affirmé qu'une part significative des 6 milliards d'euros d'investissement décidés dans le cadre du Ségur de la Santé (pour les EHPAD, la coopération ville-hôpital ou le numérique en santé) concernerait la médecine libérale. « Je fais confiance à Thomas Fatome pour me faire remonter les idées qui pourraient être utiles à notre système de santé et pour identifier les points de blocage. La discussion ne s'arrêtera pas après notre échange Skype. Ma porte est toujours ouverte », a assuré le ministre de la Santé au terme de cet échange d'une heure.

Dans les couloirs, les médecins sont restés sur leur faim. « Le discours du ministre était convenu, sans surprise, il n'a pas répondu mais n'a pas fermé de porte », soulignait, diplomate, le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF. Des confrères ont pris moins de gants. « Quelle langue de bois, il n'a strictement répondu à rien », grommelait un médecin à un autre, à la sortie de l'amphithéâtre, résumant bien l'état d'esprit général.


Source : lequotidiendumedecin.fr