Les syndicats de médecins seniors avaient déjà respectivement déclaré leur soutien aux internes de médecine générale, opposés à l'ajout d'une 4e année, mais le mot d'ordre est désormais officiellement commun.
« Nous réaffirmons qu'une quatrième année ne peut être ajoutée à l'internat de médecine générale sans objectifs clairs, sans conditions d'encadrement assurées et sans l'assentiment des internes de médecine générale actuels et futurs. Cette dixième année d'études n'aura aucun impact positif sur l'accès aux soins des patients », écrit ainsi l'intersyndicale composée de MG France, la CSMF, la FMF, le SML, ReAGJIR, l'Isnar-IMG et l'Anemf, à l'initiative d'un communiqué de presse commun.
Le rapport du Clio a mis le feu aux poudres
Contactée, Corinne Le Sauder, présidente de la FMF et signataire du communiqué réclame « que les modalités de la 4e année soient bien définies en aval ». Or, pour la généraliste, ce n'est pour le moment pas le cas. « Il faut que les étudiants désirent cette année de formation et qu'elle soit utile pour leur formation. Pour l'instant, on a juste l'impression que le gouvernement veut se servir d'eux pour boucher des trous. Mais ils ne sont pas des variables d’ajustements ! », insiste-t-elle.
Faisant référence au rapport Clio et aux mesures du PLFSS qui ouvrent l'accès direct à certaines professions paramédicales, les signataires du communiqué alertent aussi : « L'accès direct hors parcours de soins cordonné avec les autres professionnels de santé met en péril le fonctionnement de notre système de santé, basé sur la mise en relation de l'ensemble des soignants autour du médecin traitant (...) Plutôt que de contourner le rôle essentiel du médecin traitant, nous proposons d'en donner l'accès à tous les patients et nous avons les solutions qui le permettent ».
Pour le Dr Agnès Giannotti, signataire du communiqué et présidente de MG France, le rapport Clio, qui prévoit notamment un partage renforcé des actes et activités entre médecins et autres professionnels de santé, « a mis le feu aux poudres en contournant les syndicats et en passant directement par les Ordres ».
« Nous ne sommes par contre le partage de tâches si elles sont supervisées par le médecin traitant. Mais ouvrir l'accès direct aux professionnels de santé va désorganiser dangereusement les parcours de soins ! Cela signifie que l'on réponde aux demandes et non plus aux besoins des patients. Ce sont des solutions d'affichage qui vont détruire la cohérence du système de santé et la sécurité des soins. Avec cela, ils ont mis le feu aux poudres et le feu à une profession », tance-t-elle.
Vendredis de la colère
Le Dr Luc Duquesnel, généraliste et président des Généralistes CMSF abonde aussi : « La réalité du terrain, c'est que les médecins, syndiqués ou non, sont remontés ! Ils ressentent le mépris du gouvernement ! Et à l'approche des négociations conventionnelles, le risque est de se retrouver avec une convention qui ne réponde pas aux besoins et donc qui ne permettent pas d'améliorer l'accès aux soins… »
Face à ce constat, les signataires du communiqué invitent « tous les médecins en exercice à soutenir la mobilisation de leurs futurs confrères ce premier vendredi de la colère et à se rapprocher des initiatives locales de leurs syndicats représentatifs à venir dans les prochains jours ».
Pour le moment, rien ne semble exclu pour ces médecins : « Fermeture de cabinet, non-participation à la permanence des soins (PDSA)… il s'agira d'actions progressives car c'est un mouvement qui va s'installer dans le temps. Mais vu les remontées, on ne peut pas en rester là », prévient le Dr Luc Duquesnel.
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