« C’est une satisfaction immense. Je n’ai jamais eu véritablement peur, mais il serait hypocrite de dire que nous n’avions pas de crainte quant à notre devenir », confesse le Dr Alain Beaupin, médecin généraliste et figure tutélaire du centre de santé coopératif Richerand, sis dans le 10e arrondissement de Paris.
Ce centre de santé historique, créé en 1974 par les œuvres sociales de l'énergie puis repris en 2019 par une coopérative, salarie une cinquantaine de personnes (médecins généralistes, spécialistes, infirmières, psychologues…). La structure avait été placée en redressement judiciaire en juin, en raison de lourdes difficultés économiques et menacé de fermeture. La menace est désormais levée, le centre de santé a été repris par l'association Oppelia et pourra poursuivre son activité, a annoncé le nouveau gestionnaire ce mercredi 11 décembre.
Un projet de reprise solide et respectueux
Le tribunal de commerce de Paris vient donc de trancher : « l'association Oppelia, engagée depuis plus de 40 ans dans l’accompagnement des publics précaires et vulnérables, se voit confier la gestion du centre de santé » qui « continuera à assurer ses missions de santé publique », se réjouit l'association dans un communiqué.
Plus de 20 000 personnes y bénéficient de 54 000 consultations annuelles et 6 200 patients y ont trouvé leur médecin traitant, en secteur 1, alors que Paris souffre d'un important manque de médecins généralistes et spécialistes qui exercent sans dépassements d'honoraires et sans avance de frais, particulièrement dans les zones populaires du nord-est.
« Durant tout l’été, le conseil d'administration et la direction générale ont élaboré un projet solide, respectueux de l’histoire du centre de santé Richerand, et fidèle aux valeurs de l’association : garantir un accès aux soins sans discrimination et lutter contre la financiarisation de la santé », assure Oppelia.
Pas de salariés sur le carreau
La reprise « s’est appuyée sur une collaboration étroite avec les acteurs institutionnels, notamment l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris), la mairie et l’agence régionale de santé, pour définir un modèle innovant en décloisonnant les soins de ville, l’expertise hospitalière et l’accompagnement médicosocial », poursuit l'association.
En interne, « les équipes sont ravies » de cette reprise qui conserve « l'intégralité des salariés » et le projet médical « dans sa globalité » s’est réjoui la directrice médicale de l’établissement, Jeanne Villeneuve.
Reste que le modèle économique des centres de santé – qui salarient les praticiens et sont financés essentiellement via le remboursement des actes par l’Assurance-maladie et les complémentaires – est fragile, particulièrement pour les structures associatives ou mutualistes, qui construisent leur offre en fonction des besoins de santé des territoires, et pas en multipliant les actes rémunérateurs (radiologie, ophtalmologie…). D'après une étude commandée par les organisations représentatives du secteur, les trois-quarts des centres ont un « déséquilibre d'exploitation », les polymédicaux étant particulièrement concernés.
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