« Le médecin est un acteur de la cohésion sociale dans les territoires, [...] nous devons avoir une réflexion sur notre responsabilité collective. » À l'occasion de la présentation de ses vœux, ce mercredi à Paris, le Dr Jean-Paul Ortiz, a invité les médecins à la « solidarité intergénérationnelle » pour faire face aux dix prochaines années de « pénurie médicale ».
Le président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) a déclaré qu'il en allait de la « responsabilité professionnelle » de la profession de préparer l'avenir dans un discours consacré aux défis qui attendent la médecine libérale en 2018.
Assurer la continuité et la permanence des soins
« Nous devons être responsables face à cette évolution du nombre de médecins en mettant en place des actions qui puissent préserver l’avenir, en pensant aux jeunes gens qui entrent dans les études médicales aujourd’hui », a-t-il affirmé.
« Il nous faut nous organiser pour garantir partout un accès aux soins de qualité en assurant la continuité des soins et la permanence des soins. C’est bien par un partage des obligations de chaque médecin, quel que soit son statut, que cela pourra se résoudre », a-t-il ajouté.
Selon le Dr Ortiz, tous les médecins, qu'ils soient en formation, remplaçants ou déjà installés, voire jeunes retraités, peuvent « rendre service au-delà de leur activité habituelle ou de leur propre patientèle. »
Responsabilité collective
Le syndicaliste n'a pas manqué de mettre l'ensemble des acteurs à l'origine de cette crise démographique face à leurs responsabilités : les pouvoirs publics qui ont mal géré le numerus clausus (et le mécanisme d'incitation à la cessation d'activité, MICA, à la fin des années 1980 jusqu'au début des années 2000), les élus locaux qui ne pensent qu'à construire des maisons de santé, l'assurance-maladie qui contrôle plus qu'elle ne soutient la profession, l'Ordre qui ne facilite ni les cabinets secondaires ni les consultations avancées...
Le Dr Ortiz estime que tous les acteurs du système de santé pourraient à leur échelon trouver des solutions avec les médecins. Il a ainsi invité les maires à mettre à disposition des locaux municipaux pour accueillir des cabinets médicaux partagés, ou des consultations avancées, l'Ordre à faciliter les consultations avancées et l'exercice « en temps choisi », quelques heures ou quelques jours, dans des lieux différents.
Oui au regroupement mais pas qu'en MSP
De même, l'assurance-maladie est appelée à autoriser davantage les dérogations au parcours de soins pour maintenir un bon remboursement des patients qui consulteraient un praticien autre que leur médecin traitant.
Parmi les pistes qu'il défend pour améliorer l'offre de soins, la CSMF défend le regroupement mais pas uniquement en maison de santé. « Le modèle MSP devient pesant et réducteur. Il faut défendre les cabinets médicaux de groupe, les maisons des médecins, pôles de santé, maisons des spécialistes, cabinets multidisciplinaires ou multiprofessionnels... Laissons les professionnels s'organise », clame le Dr Ortiz.
La Confédération prête à rejoindre la convention si...
Après le Syndicat des médecins libéraux (SML), la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) pourrait adhérer à la convention médicale d'août 2016. La décision sera prise en assemblée générale, en mars prochain, « en fonction des avancées obtenues », a déclaré mercredi son président, le Dr Jean-Paul Ortiz. Le néphrologue de Cabestany, qui sera candidat à sa succession à la tête du syndicat, a apprécié le retour au dialogue avec les pouvoirs publics et la suppression du tiers payant obligatoire. Il a néanmoins posé plusieurs conditions au retour dans le jeu conventionnel. Les modes de rémunération de la télémédecine, négociés avec l'assurance-maladie, devront « être à la hauteur ». « Un avis ponctuel et court doit être valorisé au minimum sur le tarif de la consultation de base », prévient le Dr Ortiz, les examens approfondis devant être réglés, selon lui, sur la base des consultations complexes (46 euros) ou très complexes (60 euros). Le syndicat attend aussi une compensation « à l'euro près » de la hausse de la CSG pour les médecins à tarifs opposables. Il réclame l'extension des consultations complexes et très complexes aux « spécialités oubliées » et la création de nouvelles ouvertes à tous les médecins.
« Ce que fait le député Garot, c’est du sabotage ! » : la nouvelle présidente de Médecins pour demain à l’offensive
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences