Près de six mois après son début, la grève des urgences persiste. La mobilisation s'est même étendue durant l’été. Selon le collectif Inter-Urgences, à l'origine du mouvement, 223 des 650 services d’urgences français étaient en grève au 27 août.
L’enveloppe de 70 millions d'euros de mesures immédiates débloquée mi-juin par le gouvernement n’aura donc pas permis d'enrayer cette grève. En effet, le collectif Inter-Urgences réclame toujours 300 euros net de hausses salariales et des augmentations d'effectifs. Invitée lundi de la matinale de France Info, Agnès Buzyn a estimé qu’accorder cette somme n’était pas « la solution » à la crise. Pour la ministre de la Santé, les 300 euros réclamés et la création de postes supplémentaires ne permettraient pas de réduire la fréquentation des urgences.
Le rapport Mesnier-Carli présenté en septembre
« Énormément de Français se rendent aux urgences alors qu’ils pourraient être vus par un médecin généraliste, a appuyé Agnès Buzyn. Le problème, c’est simplement l’accès aux soins en ville. Il faut régler l’amont avant d’étendre indéfiniment nos services d’urgences ». La ministre a ainsi rappelé que le ministère travaillait sur un numéro unique de régulation qui devrait permettre à « beaucoup de patients d'être vus par d'autres médecins que ceux des urgences ».
Agnès Buzyn a également indiqué que le rapport qu’elle a confié au député urgentiste Thomas Mesnier et au Pr Pierre Carli, président du Conseil national de l'urgence hospitalière (CNUH), qui doit apporter des solutions à la crise actuelle, serait présenté en septembre. « Il y aura de vraies différences organisationnelles », a-t-elle promis.
« Les urgences, c'est le Concorde »
Mardi matin, au micro de RTL, Mathias Wargon, chef du service des urgences de l'hôpital Delafontaine à Saint-Denis a quant à lui pointé les difficultés rencontrées par les services d'urgence pour attirer du personnel. « On n’en recrute pas en un claquement de doigts », souligne l'urgentiste, qui confie que la « quasi-totalité des médecins » de son établissement sont des praticiens à diplômes étrangers. « C’est mal payé, c’est dur, on fait beaucoup d’heures. Eh bien on ne trouve que des médecins étrangers qui viennent en France », a-t-il résumé.
Mathias Wargon plaide donc en faveur d’une amélioration des conditions de travail. « Il faut réaménager les urgences de façon à ce que ce soit facile, sympathique, intéressant d’y travailler, que ce soit pour les médecins, les infirmiers ou les aides-soignants ».
Et le chef des urgences de l'hôpital Delafontaine de lancer : « Les urgences, le système extra et intra-hospitalier francais : c’est le Concorde ! C’est magnifique, c’est super, tout le monde nous l’envie, on va s’écraser dans un champ ».
Enfin, Mathias Wargon a rejoint la Agnès Buzyn sur la nécessité d'instaurer un numéro unique de régulation et expliqué que les urgentistes étaient opposés à ce dispositif en raison d'une « guerre avec les pompiers ». « Il faut un numéro unique. Il faut que système soit remis à plat dans l'intérêt des citoyens, et non des pompiers ou des smuristes », a déclaré le Dr Wargon.
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