Dix-huit mois après le décès de Naomi Musenga, raillée au téléphone par une opératrice du Samu de Strasbourg, une information judiciaire a été ouverte le 20 septembre à la suite de la mort mi-juin à Mulhouse d'une femme de 60 ans pour laquelle le Samu ne s'était pas déplacé, après régulation, a révélé samedi l'AFP.
Le 3 juin, l'employeur de cette femme, la directrice d'une agence d'intérim mulhousienne, avait contacté le 15 pour signaler que la victime se plaignait de douleurs au bras et à la cage thoracique, alors que l'agence venait de l'appeler pour lui confier une mission. « Elle disait ne pas réussir à respirer correctement », confie la responsable de l'agence. Cette dernière explique être restée en contact avec la sexagénaire jusqu'à ce qu'elle reçoive l'appel du Samu, mais aucun véhicule sanitaire n'aurait été envoyé pour lui porter assistance.
Les conclusions d'une enquête administrative bientôt publiques
Cette femme avait finalement été retrouvée morte dans son lit par un voisin, dix jours après l'appel au Samu. L'autopsie pratiquée sur le corps a confirmé que la victime était décédée des suites d'un arrêt cardiaque.
Dans cette affaire, le parquet de Mulhouse a ouvert une information judiciaire pour « non-assistance à personne en danger par personne morale », contre le groupement hospitalier régional Mulhouse-Sud-Alsace (GHRMSA), et pour « non-assistance à personne en danger contre X », en l'occurrence le médecin régulateur du 15 qui avait pris en charge l'appel.
Lundi, Virginie Cayré, directrice générale déléguée de l’ARS pour l'est de la région Grand Est, a déclaré que la régulation médicale du Samu de Mulhouse avait fonctionné « normalement ». Celle-ci a également indiqué que les conclusions d'une enquête administrative ouverte par l'ARS au cours de l'été seront prochainement rendues publiques. Le rapport est « en cours de finalisation », a précisé Virginie Cayré.
De son côté, le GHRMSA souligne que « l’ensemble des dispositifs de régulation a fonctionné ». Sa directrice, Corinne Krencker, affirme ainsi que l'assistante de régulation médicale du Samu s'est d'abord entretenue avec l'employeur de la patiente décédée avant d'appeler cette dernière pour lui poser « un certain nombre de questions ». Puis l’assistante a « immédiatement transmis l’appel au médecin régulateur qui a été en contact assez longtemps avec la patiente », lui donnant à son tour « un certain nombre de conseils », a-t-elle conclu.
Mise à jour (01/10/2019 à 11:30) : « Il n'apparaît pas dans un premier temps qu'il puisse y avoir formellement un dysfonctionnement », « puisqu'il y a effectivement un opérateur du Samu qui passe immédiatement un médecin et le médecin interroge tout à fait normalement cette femme », a expliqué lundi soir lors d'une conférence de presse la procureure de la République à Mulhouse Edwige Roux-Morizot. « Une réponse a été donnée, maintenant la réponse a-t-elle été pertinente ? C'est tout le sens des investigations qui vont être effectuées », a-t-elle poursuivi.
Avec AFP
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