La médecine générale et la psychiatrie peuvent-elles coopérer davantage au bénéfice des patients ? La question a animé un débat dans le cadre du congrès de l'Encéphale, qui vient de se tenir à Paris.
En pratique, le généraliste est le premier professionnel consulté en cas de problème de santé mentale, loin devant les psychiatres ou les psychologues. Trois quarts des prescriptions d'antidépresseurs et d'anxiolytiques proviennent des médecins traitants. Pour autant, deux tiers des médecins de famille se disent insatisfaits de leur coopération avec les psychiatres. De fait, pour un médecin de famille, il est parfois très compliqué d'accéder à un psychiatre, surtout hors des grandes agglomérations.
Dans ce contexte, des initiatives s'emploient à construire des ponts entre les deux spécialités. Les dispositifs de soins partagés, mis en place en Occitanie et à Versailles, visent à faciliter l'accès à la psychiatrie et à renforcer la coordination.
En Occitanie, ce système a été instauré par l'Union régionale en 2017, en lien avec le CHU de Toulouse. Le dispositif permet au généraliste en difficulté face à un patient en souffrance psychique de demander rapidement une consultation psychiatrique, via une messagerie sécurisée. Une fois la demande faite, le patient bénéficie d'un entretien infirmier permettant de l'orienter vers la meilleure prise en charge possible (consultation, centre médico-psychologique, hospitalisation) dans un délai d'une semaine environ. « En 2018, 639 demandes de prise en charge ont été faites par des médecins traitants. En tout, 40 % des médecins généralistes de Haute-Garonne ont adressé au moins un patient », se félicite le Dr Maurice Bensoussan, psychiatre et président de l'URPS Occitanie. « En tant que généraliste, je retrouve la vraie vie : j'ai un correspondant qui me répond, et je suis sécurisé car je sais que mon patient est pris en charge », abonde le Dr Michel Combier, généraliste libéral à Toulouse.
À Versailles, le dispositif constitué entre le centre hospitalier et les généralistes de ville permet d'accueillir près de 180 patients par an. Là encore, la plupart des demandes émanent des généralistes. La coopération porte ses fruits : dans 80 % des cas, le généraliste devient ensuite le référent du projet de soins en santé mentale. Une recommandation de la Haute autorité de santé (HAS) sur la coopération généralistes/psychiatres est attendue prochainement.
Psychothérapie sur ordonnance
Le remboursement de séances de psychothérapie peut être une solution pour aider les médecins de famille et éviter une prescription médicamenteuse. Le système est testé depuis avril 2018 pour des patients adultes (18 à 60 ans) dans les départements de la Haute-Garonne, du Morbihan, des Bouches-du-Rhône et des Landes. Un des objectifs est de réduire la prescription d'antidépresseurs.
En pratique, pour des patients ayant des troubles mentaux légers à modérés, les généralistes peuvent déclencher un entretien d'évaluation auprès d'un psychologue clinicien ou un psychothérapeute agréé. Si nécessaire, jusqu'à dix séances d'accompagnement psychologique ou de psychothérapie peuvent être prescrites et remboursées (22 euros pour l'accompagnement, 32 euros la psychothérapie). Sans amélioration, une nouvelle série de consultations peut être proposée, après avis du psychiatre.
Mi-janvier 2019, 533 psychologues cliniciens étaient inscrits. 80 % d'entre eux ont déjà réalisé au moins une séance et plus de la moitié des médecins généralistes de ces départements ont prescrit au moins une séance. Une évaluation est attendue pour apprécier les économies éventuelles et l'impact sur la qualité de vie des patients.
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