Alors que le procès de l’agression d’une médecin généraliste survenue cet été à Marseille (Bouches-du-Rhône) se déroule ce jeudi 3 octobre, l’URML Pays de la Loire ainsi que les cinq associations régionales pour l’organisation de la permanence des soins (Adops) se sont insurgées contre une nouvelle agression d’un patient sur une médecin généraliste de 35 ans de Bouaye (Loire-Atlantique). Les faits remontent au dimanche 29 septembre au centre d'accueil et de permanence des soins (Caps) de cette ville. Selon le procureur de la République de Nantes, un patient de 23 ans adressé par le centre 15 a tenté de violer cette médecin dans le cabinet médical. « C’est au moment où la généraliste a parlé au centre 15 que le patient lui a sauté dessus », explique au Quotidien la Dr Anne-Marie Ladeveze-Cayla, secrétaire adjointe au bureau de l’URML.
Celle qui est aussi présidente de la CSMF 44 dit bien connaître ce centre d'accueil puisqu’elle y assure également ses gardes. « C’est situé dans un quartier résidentiel, donc plutôt isolé le dimanche. Pour moi, cette situation dramatique doit faire prendre conscience que la société a évolué et qu’on ne peut plus laisser les médecins de garde seuls dans des lieux aussi isolés », ajoute la généraliste. Les problèmes d’insécurité dans le département ne datent pas d’hier. L’URML ainsi que les associations de la permanence des soins ont déjà exposé le problème à l’ARS Pays de la Loire. « Au Caps de Nantes par exemple, des médecins femmes ne sont plus volontaires pour prendre leur garde car il y avait des toxicomanes en bas du cabinet. Certaines au Caps de Saint-Herblain en font mais avec la boule au ventre », raconte la syndicaliste.
Retrait du tableau des gardes
Face à la montée de la violence, les syndicats représentant des médecins libéraux ont cosigné fin août un communiqué pour condamner unanimement le niveau « alarmant » des agressions subies par les blouses blanches et réclamé des réponses fortes et urgentes. Or malgré un plan « sécurité des soignants », lancé l’an dernier par l’ancienne ministre chargée de l'Organisation territoriale et des Professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo, la question de la sécurité des médecins est loin d’être réglée. Pour preuve, l’Ordre lui-même a reconnu que les chiffres sur la violence à l’encontre des professionnels pour 2023, qui seront présentés le 8 octobre prochain, sont supérieurs à ceux de 2022.
Alors que faire ? Pour la Dr Anne-Marie Ladeveze-Cayla, les solutions ne sont pas les mêmes selon les maisons médicales de garde et les territoires. « Faut-il regrouper deux maisons médicales de garde ? Les adosser à un service hospitalier ouvert le jour, la nuit et les week-ends ? Avoir des dispositifs d’alerte comme cela a été fait à l’initiative des élus CSMF de l’URPS de Guyane ? Tout doit être posé sur la table. C’est de la responsabilité de l’État. » En attendant, la présidente de la CSMF 44 rappelle à ses confrères et consœurs « qu’ils ont la possibilité de se retirer du tableau de garde ».
Quant à l’agression, elle est entre les mains de la justice. La jeune généraliste a porté plainte. Une information judiciaire a été ouverte par le parquet de Nantes. Le suspect a été mis en examen pour tentative de viol sous l'emprise de stupéfiants.
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