Les "réformes idéologiques", c'est fini ! Dans l'entretien qu'il a accordé au Généraliste à la veille du second tour de la primaire de droite, François Fillon insiste sur l'originalité de son programme de santé. "Règle d'or" pour assurer l'équilibre des dépenses maladie, redéfinition des frontières entre régime général et complémentaires santé, recentrage du parcours de soins sur le généraliste, réfonte de la gouvernance du système de santé, autonomie des établissements hospitaliers... Ces six piliers laissent supposer un changement de paradigme si l'ancien premier ministre devait accéder à la magistrature suprême.
Au cours de la campagne, vous vous êtes montré critique sur la politique de santé menée depuis 2012. Sur quelles dispositions pourriez-vous revenir si vous arriviez au pouvoir ?
Je supprimerai le tiers payant généralisé. Par ailleurs, mon projet met en avant la médecine libérale. Je veux restaurer un climat de confiance avec les professionnels de santé, tous les professionnels de santé. Cela passe par une plus grande liberté et un dialogue renouvelé avec l’ensemble des professionnels. C’est mon premier engagement ! Et il se déclinera aussi par une refonte de la gouvernance de notre système de santé qui est trop centralisé et trop éloigné des professionnels.
Vous évoquez la nécessité de recentrer le système de soins sur le médecin généraliste. Comment cela pourrait-il se traduire concrètement ?
Le médecin traitant doit être l’acteur central du parcours de soins. Il doit être le coordinateur de l’organisation des soins, en lien avec les spécialistes. Je n’oppose pas les uns aux autres, ni l’hôpital à la médecine de ville. Jouons la complémentarité. Nous devons ainsi nous adapter à l’évolution des pratiques médicales et des attentes des patients. C’est le sens de mes propositions sur le soutien de l’installation en libéral ou la montée en charge des maisons de santé pluridisciplinaires.
Un des axes forts de votre programme est la rigueur budgétaire, notamment sur l'équilibre des dépenses d'assurance maladie. Que se passera-t-il en cas de dérapage ?
Comment accepter que l’assurance maladie soit en déficit structurel ? Cela revient à faire payer nos dépenses de santé par les générations futures. C’est pourquoi il faut revenir progressivement à un équilibre structurel. Et pour cela je propose une règle d’or d’équilibre. Je propose également de simplifier les mécanismes de franchise et de redéfinir le panier de soins ainsi que le partage assurance maladie-complémentaires. Il s’agit donc d’éviter tout dérapage. C’est la priorité. En cas de dérapage, des mesures de correction seront définies, en concertation avec toutes les parties prenantes, afin de limiter les dépenses ou de réduire le niveau de prise en charge.
Votre souhait de supprimer 500 000 fonctionnaires en cinq ans pourrait-il affecter l'hôpital ?
Ce n’est pas un souhait. C’est un engagement ! Et on peut le réaliser avec le non remplacement d’un départ à la retraite sur deux et des fins de contrats pour les non titulaires. Non remplacement accompagné du retour à 39 heures et d’une réorganisation des missions dans les trois fonctions publiques, Etat, collectivités locales et hôpital.
S’agissant plus précisément de l’hôpital, je veux insister sur le fait qu’il ne s’agit pas de réduire les effectifs des soignants. Mais par une négociation dans chaque hôpital, on doit parvenir à trouver les bonnes formules tant en terme d’organisation du travail que de compensation salariale. Oui, je crois à l’autonomie des établissements ! Toujours ces principes de liberté et de responsabilité qui sont au cœur de ma démarche !
A votre avis, quelles doivent être les qualités d'un/une future ministre de la Santé ?
Il faut beaucoup de qualités car c’est un poste très difficile et très exposé. ! Mais deux qualités sont primordiales : l’écoute et le respect des autres. L’écoute car il s’agit de partir des préoccupations et des propositions des acteurs de terrain, pas de leur infliger des réformes idéologiques. Le respect car il est dû aux professionnels de santé. Inutile d’insister sur tout ce que nous leur devons !
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique