L'épidémie de coronavirus a eu un impact considérable sur les revenus des médecins libéraux. Selon les statistiques de l'Assurance maladie, les généralistes auraient essuyé 40 % de baisse d'activité en moyenne entre le 23 mars et le 15 avril.
Mais les 500 médecins qui travaillent dans l'un des 100 établissements thermaux de l'Hexagone sont eux soumis à une cure d'austérité beaucoup plus sévère. Avec l'entrée en vigueur du confinement, les curistes sont partis, les stations ont fermé le 16 mars et ces praticiens, dont la moitié ont un exercice exclusif, sont depuis lors au chômage technique.
Une saison blanche ?
« Cette crise remet en cause à court et à moyen-terme notre existence même, et la pérennité du thermalisme médical », s'alarme le Dr Michel Duprat, généraliste à Dax (Landes) et président du Syndicat national des médecins thermaux (Snmth). Certes les praticiens, à 85 % des libéraux, peuvent bénéficier des aides de l'Assurance-maladie pour compenser en partie leur perte d'activité. Mais cette « bulle d'oxygène » et le report de charges pourraient ne pas suffire. « Cette crise est un séisme pour la profession, notamment pour certains nouveaux médecins, qui ont vraiment besoin de travailler », poursuit le Dr Duprat. L'évolution de la situation sanitaire n'incite pas à l'optimisme. « La saison s'annonce catastrophique et devrait être amputée d'au moins 50% de sa durée », pronostique le patron du Snmth.
Réouverture espérée en juillet
Alors que la France s'apprête à sortir progressivement du confinement à partir du 11 mai, les stations thermales espèrent, elles, réouvrir en juillet. Depuis trois semaines, une cellule de pilotage a été ouverte entre le Ministère de la Santé, l'Assurance Maladie et les Établissements Thermaux, pour préciser le calendrier et les conditions de réouverture. Un référentiel de retour à l'activité thermale a été soumis à la DGS qui précise les mesures barrières. « Il faut rassurer les autorités, les curistes et les personnels », explique le Dr Duprat. Mais même si les thermes venaient à rouvrir — ce qui n'est pas encore officiellement assuré — leur fréquentation ne devrait pas revenir tout de suite à la normale. D'autant que la patientèle habituelle est âgée (64 ans de moyenne d'âge) et fragile, soit une cible potentielle du Covid-19.
« Nous avons déjà prévu de prendre des précautions particulières, de sélectionner les patients reçus, d'adapter nos soins, de limiter la promiscuité par exemple », poursuit le médecin de Dax. Joint par Le Généraliste, le Dr Philippe Jacquet, ORL et médecin thermal à Gréoux-Les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence) redoute lui aussi une « année blanche ». « Des confrères sont désespérés et peu de gens parlent de nous, affirme-t-il. Au-delà d'une exonération de charges, nous aurions besoin que les assureurs fassent un effort pour prendre en charge une partie des pertes d'exploitation. »
Mobilisation des villes et des stations thermales
Les villes et stations thermales s'organisent pour tenter de sauver ce qui peut l'être. Dans un courrier adressé au Premier ministre, dont le Généraliste a pris connaissance, des maires mais aussi des représentants d'établissements thermaux, soutenus par une vingtaine de députés, demandent que le plan spécifique pour le tourisme annoncé par le président de la République associe le thermalisme. Ils réclament notamment une annulation de charges et une aide de la Cnam à l'heure où les dépenses thermales s'effondrent.
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