Dans un article intitulé « Géographie économique des revenus médicaux », inclus dans l'ouvrage "Le revenu des professions de santé", Jean de Kervasdoué et Jean-Marc Macé ont croisé les statistiques démographiques de l’Ordre et celles financières de la Carmf pour tracer un panorama original des revenus médicaux dans la France du XXIè siècle.
Constat connu : on gagne (un peu : +1,4% en 2011) plus quand on est généraliste, en secteur 1 qu’en secteur 2. Mais leur étude montre que la situation varie beaucoup d’un département à l’autre. Ainsi si dans cinq départements (Gironde, Alpes-Maritimes, Aube, Oise, Marne), il n’y a pas de différence de chiffre d’affaire entre les deux secteurs, dans 43 départements, il est plus avantageux d’appartenir au secteur 2, avec un écart maximum qui va jusqu’à 49 000 € de recettes dans le Lot, 51 000 € en Haute-Saône et 54 000 € pour la Corrèze. Inversement dans 48 départements, les généralistes à honoraires opposables font plus de gains que leurs confrères à honoraires libres. Un écart qui atteint 55 000 € pour le Lot-et-Garonne, 64 000 € dans la Nièvre et jusqu’à 65 000 € pour les Deux-Sèvres.
Moins surprenant : les honoraires annuels d’un généraliste baissent à mesure que la densité de praticiens s’accroît. C’est ce qui explique que l’on gagne en gros un quart de plus en Mayenne qu’en Haute-Vienne avec entre les deux un différentiel de densité médicale de 50%. Pour autant, les deux auteurs pointent tout de même quelques bizarreries : à densité égale de généralistes, les honoraires présentent un écart de 50 % entre le Pas-de-Calais et la Savoie.
Mais il y a plus étonnant : Jean de Kervasdoué et Jean-Marc Macé pointent une corrélation négative entre salaire moyen de la population d’un département donné et honoraires moyens de ses généralistes. Ils donnent pour illustration le cas de la Haute-Marne (165 000 € de chiffre d’affaires annuel en 2011 pour un salaire mensuel moyen de la population de 1 800 €) et à l’opposé celui des Bouches-du-Rhône (123 000 € pour 2 150 €). Conclusion: les généralistes gagneraient mieux leur vie quand la population est pauvre. Décidemment, le secteur 1, ultra majoritaire dans la profession, fait des soins primaires en France, un « marché » pas tout à fait comme les autres…
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