C’est une année qui ne restera sans doute pas dans les mémoires des médecins libéraux... Les estimations de l’UNASA (Union Nationale des Associations de Gestion Agréées) que nous sommes en mesure de révéler confirment que 2013 aura été un exercice moyen pour la médecine libérale en général, voire franchement pas bon pour certaines spécialités. Fin juin, Le Généraliste avait déjà délivré une première estimation pour les médecins de famille sur la base de 16 411 adhérents d’AGA. Le résultat définitif qui prend en compte la totalité des déclarations fiscales 2013 des 18 000 généralistes adhérents de l’UNASA est un peu meilleur pour les médecins de famille, puisque le curseur s’établit finalement à + 2,8% de bénéfice pour la discipline (contre 2,3% évalués fin juin). Si on compare ce résultat à la baisse de 1,7 % de leurs revenus constatée en 2012, c’est évidemment mieux. Mais c’est tout de même décevant, compte tenu d’une reprise de l’activité constatée l’an passé et de revalorisations tarifaires pas si anecdotiques comme la majoration MPA ou le premier versement de la ROSP. C’est la faute aux charges et aux cotisations sociales personnelles des généralistes, comme le suggère l’écart entre la progression de leurs recettes (+3,4%) et celle de leurs bénéfices (+2,8%).
Quatre disciplines en positif
Les médecins généralistes se consoleront en se disant que, pour 2013, ils progressent plus que la moyenne des autres spécialistes libéraux. Et d’ailleurs, ils grapillent quelques places dans la hiérarchie des revenus des médecins libéraux. De fait, l’an passé seuls les anesthésistes (+3,5%) et les endocrinologues (+3,5%) ont vu leur bénéfice progresser davantage que ceux des médecins de famille. Pour le reste, hormis la gynécologie-obstrétrique (+2,3%), les autres disciplines font, soit du surplace ( pneumologues, ophtalmos, gastroentérologues, ORL) soit plongent comme les cardiologues, les radiologues, les psychiatres, les rhumatologues, les pédiatres, les dermatologues et les chirurgiens, avec des bénéfices en baisse de -1% pour le cardiologue à -3,1% en chirurgie générale. Certaines de ces disciplines affichent même des résultats 2013 pires qu’en 2012 , qui pourtant n’avait pas été bien fameuse pour les libéraux : c’est le cas de la dermatologie, de la psychiatrie, de la gastro-entérologie, de l’opthalmologie et de la pneumologie.
Chiffres d’affaires en progression, mais cotisations encore plus !
L’explication de cette mauvaise fortune est complexe. Car le bilan 2013 de la Cnamts communiqué fin janvier faisait état d’une progression honnête (+2,7%) des dépenses de spécialistes l’an passé, à peine moindre que celles du poste généralistes (+2,8%). Les spécialistes secteur 1 ou ceux qui ont opté pour le nouveau secteur à dépassement régulé (Contrat d’Accès aux Soins) ont en outre bénéficié de quelques revalorisations. C’est le cas de certains actes techniques chirurgicaux, de gynécologie-obstétrique, mais aussi d’actes de cardiologie, dermatologie, endocrinologie, ORL, pédiatrie, pneumologie, psychiatrie et rhumatologie. Même si ces hausses tarifaires n’ont pris effet qu’en juillet 2013, soit sur une demie année.
Mais, encore plus que pour les généralistes, c’est surtout la hausse des charges qui affecte les résultats des médecins spécialistes. Un phénomène attestée par un écart important constaté entre l’évolution des recettes, positive dans toutes les spécialités (sauf en radiologie et chirurgie) et celle des bénéfices, qui stagne ou regresse pour la plupart des disciplines. Illustrations de cet état de fait : en dermatologie, les recettes progressent mollement de 0,8%, pourtant les bénéfices sombrent à - 2,7%; constat similaire en pneumologie (+2,2% pour +0,6%) ou en rhumatologie (+1,1% pour -2,3% de résulats au final)... Morale de l’exercice : les marges des médecins libéraux sont rognés par l’escalade des charges. C’est notamment, les cotisations personnelles, qui dans toutes les spécialités, y compris la médecine générale progressent deux à quatre fois plus vite que le chiffre d’affaires. La hausse des cotisations retraite des médecins y est évidemment pour quelque chose.
Dans ce contexte, à noter enfin que les MEP exclusifs boivent particulièrement le bouillon : revenus en baisse de - 4,8% pour les homéopathes, de - 4,1% pour les acupuncteurs et de -3,4% pour les allergologues. En revanche, la comparaison tourne à l’avantage des paramédicaux : +3,1% pour les kinés, + 1,9% pour les infirmières, + 3,9% pour les orthophonistes et jusqu’à un coquet + 12% pour les orthoptistes.
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