Le Généraliste Groupe Pasteur Mutualité a annoncé au début de l’été un rapprochement avec la Mutuelle Nationale des Hospitaliers (MNH). Où en est-on ?
Dr Michel Cazaugade : Le dossier de cette union prudentielle doit encore être validé par l’ACPR (Autorité de Contrôle Prudentiel de Résolution) qui se réunira vers fin décembre à ce sujet. Il faut en effet répondre à toutes les normes prudentielles en rapport avec les nouveaux décrets. Nous serons sans doute la première structure de ce type construite dans le cadre de la directive européenne Solvabilité 2. Une fois obtenue cette validation, à partir de 2016, nos deux groupes seront liés par une solidarité financière. Cette formule d’Union est une façon de préserver l’identité de chacun et de construire une force pour l’avenir.
Pourquoi le choix par Groupe Pasteur Mutualité de la MNH et inversement ?
Dr M. C. : Le choix de la MNH est naturel. D’abord, nos sociétariats ont en commun d’avoir eu une vie commune pendant leurs études. La MNH représente un peu plus d’un million de salariés des hôpitaux publics et privés et, nous, environ 130 000 professionnels de santé, notamment des médecins libéraux ou doctorants libéraux, praticiens hospitaliers et libéraux de santé dans toute leur diversité. À nous deux, nous représentons donc un sociétariat qui balaie l’ensemble des professionnels de santé. Et puis ce partenariat a déjà été éprouvé puisque cela fait 5 ans que nous travaillons ensemble. Nous avons ainsi créé une société commune en 2014 pour répondre aux contrats collectifs. Maintenant nous allons plus loin. Nous n’aurions pas pu nous associer avec un partenaire étranger au monde de la santé, car nous avons une sensibilité vis-à-vis de notre sociétariat, nous avons le respect des professionnels que nous couvrons et leur confiance. Notre métier est de nous occuper des professionnels de santé.
En chiffres et en parts de marché, que va peser ce nouveau groupe ?
Dr M. C. : Dès le départ nous aurons 1,3 million de personnes protégées, un milliard d’euros de fonds propres, un réseau commercial de plus de 400 conseillers et 1600 salariés. Nos deux réseaux commerciaux, à terme, délivreront l’ensemble des produits du groupe et, au-delà, nous proposerons aussi des produits bancaires et des services comme l’ouverture de crèches, de la formation continue... Ce rapprochement au sein de Viverem va aussi nous permettre faire des économies d’échelle et d’assurer à nos clients une maîtrise des cotisations, sans que cela se fasse au détriment de nos fonds propres.
Après d’autres secteurs de la protection sociale, les mutuelles du secteur de la santé se concentrent donc à leur tour. Quels facteurs motivent cette évolution ?
Dr M. C. : Aujourd’hui, tout concourt à cela. Le mouvement politique et le mouvement professionnel conjugués aux exigences prudentielles font que les mutuelles sont obligées de se regrouper. S’il y a un point sur lequel tout le monde est d’accord à propos de la loi de santé, c’est la complexité de la prise en charge entre les régimes de base et les régimes complémentaires, parce que ces derniers sont beaucoup trop nombreux. Donc, tout le monde est favorable à une concentration. Et, d’autre part, il y a des contraintes prudentielles qui sont issues de la directive Solvabilité 2 qui font que, pour que les assurés soient garantis, il faut des fonds propres à un niveau considérable et, donc, une structure de taille suffisante. Je précise que ce n’était pas la motivation première de cette Union car les deux entités affichaient déjà des ratios de solvabilité très élevés.
Viverem, est-ce, selon vous le début d’un mouvement de concentration plus large dans le domaine de l’assurance complémentaire ?
Dr M. C. : Oui, je pense. Il en reste environ 400 et à terme, il n’en subsistera qu’un petit nombre. Avec un rôle d’ailleurs de plus en plus important, car les progrès de la médecine sont tels que les charges financières du régime de base augmentent et les complémentaires devront prendre le relais, à la fois sur des médicaments et dans le domaine de la prévention.
La grande réforme à venir, c’est aussi la couverture maladie de tous les salariés à partir de janvier 2016. Quel sera, selon vous, son impact sur les cabinets médicaux ?
Dr M. C. : Pour les cabinets qui ont des salariés, l’Accord National Interprofessionnel du 11 janvier 2013 va occasionner de gros changements. Le parcours reste à faire, puisque beaucoup n’ont pas encore fait leur choix. Pour nous, il fallait répondre à ces besoins. Dès 2014, nous avons créé le cabinet de courtage Orsane avec pour objectif de proposer aux établissements de santé privés de petite et moyenne importance des contrats collectifs en santé et prévoyance.
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