Après la création de leur syndicat, les médecins de secteur 3 donnent de la voix

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Publié le 25/02/2025
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Six mois après sa création discrète, le Syndicat Médecins secteur 3 estime représenter 130 médecins sur le millier exerçant hors convention. Farouchement opposé à la piste d’un déremboursement de leurs prescriptions envisagée par la Cnam, leur président pousse pour que les médecins non conventionnés puissent être maîtres de stage.

Dr Kamyar Dadsetan, président de Syndicat Médecins Secteur 3

Dr Kamyar Dadsetan, président de Syndicat Médecins Secteur 3
Crédit photo : Cyrille Krasker

C’est une naissance un peu passée inaperçue durant la période estivale. Elle est pourtant inédite dans le monde syndical des praticiens libéraux en ce qu’elle acte la création du tout premier syndicat de médecins de secteur 3. Et c’est l’Assurance-maladie elle-même qui est à l’origine de ce regroupement de médecins non conventionnés. « Nous nous sommes réunis cet été, après la publication du rapport « charges et produits » 2025 de la Cnam qui plaidait en faveur du déremboursement de nos prescriptions. Nous avons voulu nous organiser syndicalement pour y faire face », rappelle le président de la nouvelle organisation, le Dr Kamyar Dadsetan. À l’argumentaire bien rodé.

Offensive de la Cnam

Dans le détail, la Cnam a en effet rappelé dans ledit rapport qu’il existe « toujours une très faible minorité de professionnels qui ne sont pas conventionnés avec l’Assurance Maladie, mais, depuis quelques années, des mouvements de déconventionnement sont portés par certains groupes ou syndicats ». Or, bien que la prise en charge des actes que ces professionnels réalisent soit minorée, leurs prescriptions sont, elles, totalement prises en charge (transport, biologie, etc.), rappelait la Cnam. Qui proposait alors de « revoir cette situation de telle sorte que le remboursement des prescriptions soit lié au conventionnement des médecins et ainsi rappeler que l’Assurance-Maladie ne peut solvabiliser l’ensemble des prescriptions d’un médecin qui ne souhaite pas conventionner avec elle ». Sans acter quoi que ce soit.

« Si nos prescriptions de médicaments, de prises de sang, d’imagerie, de kiné ou de soins infirmiers n’étaient plus prises en charge par l’Assurance-maladie, cela reviendrait à véritablement créer une médecine à deux vitesses », lâche aujourd’hui le Dr Dadsetan, généraliste parisien de 43 ans. D’autant, poursuit-il, que ce n’est pas l’adhésion ou non à la convention qui détermine le droit au remboursement de nos prescriptions, mais bien le diplôme de médecine et la cotisation des patients. Le syndicat a-t-il eu l’occasion d’en discuter avec la Cnam ?

Merci à l’UFML-S

« Ils ne sont pas très ouverts à la discussion et je ne sais même pas s’ils savent que l’on existe », relève le Dr Dadsetan. Et avec les autres syndicats de médecins libéraux ? Pas davantage. « Ce qui n’est pas très étonnant puisque nous n’avons rien à voir avec la convention médicale », constate, lucide, le chef de file des médecins hors convention. Ce qui ne l’empêche pas de remercier l’UFML-S et sa création, en 2023, des premières Assises du déconventionnement.

Nombre d’adhérents du syndicat ont en effet connu le secteur 3 par cette entrée. « Mais pour nous, il faut que ce soit un choix personnel et réfléchi. Pas un moyen de pression pour peser sur les négociations conventionnelles », observe le Dr Dadsetan.

Maîtres de stage en secteur 3 ?

Le généraliste, ancien pharmacien qui a la particularité d’être primo-installé en secteur 3, réfute au passage l’image cliché du médecin pour patientèle aisé. « Comme nous sommes entièrement libéraux, on s’adapte selon les revenus, j’ai des patients C2S et AME, il m’arrive de ne pas faire payer une consultation sur trois ou ne pas les faire payer du tout », développe-t-il. Le secteur 3, c’est la possibilité de faire de vraies consultations longues pour les patients, résume-t-il. Avec la ferme intention de défendre cet exercice et fournir des outils pratiques pour soutenir et améliorer le quotidien des médecins hors convention. En bataillant par exemple, pour leur ouvrir la possibilité de devenir maîtres de stage universitaire.

Six mois après sa création, le syndicat estime représenter environ 13 % des quelque 1 000 médecins déconventionnés en exercice. Qui compte parmi ses troupes une majorité de médecins de famille, mais aussi des spécialistes, notamment des spécialités d’organes, cardiologues, endocrinologues, et également des psychiatres. Et « les adhésions progressent à un rythme régulier », se réjouit son président.


Source : lequotidiendumedecin.fr