Les deux syndicats monocatégoriels majoritaires chez les spécialistes et les généralistes – Avenir Spé et MG France – n’en finissent plus de croiser le fer depuis leur signature de la convention.
Début octobre, le Dr Patrick Gasser, patron d’Avenir Spé, a fait valoir dans un manifeste l’intérêt d’une nouvelle cotation à 60 euros entre spécialistes (et même à la demande d’un soignant paramédical) pour réduire les délais d’attente (en cas d’avis urgent ou de soins non programmés).
Ce jeudi, la Dr Agnès Giannotti, présidente de MG France, a contre-attaqué sur ce terrain en dévoilant les résultats d’une enquête flash sur « l’accès aux spécialistes de second recours ». Réalisée entre mi-septembre et début octobre, l’enquête a mesuré la difficulté – ou non – d’obtenir un avis d’expert de la part des spécialités sollicitées par les médecins traitants (pour une réponse rapide). Le top trois des spécialités difficiles d’accès ? La dermatologie, la psychiatrie et la neurologie, selon les répondants.
Pas d’avis cardio rapide avant 8 jours
Au regard de l’étude, d’autres spécialités ne sont pas en reste en matière de délais. Ainsi, près de 60 % des généralistes ne peuvent obtenir un « avis de cardiologue rapide » avant 8 jours. Pire, plus d’un quart d’entre eux doivent attendre cet avis plus d’un mois. Côté endocrinologie, pour un diabète décompensé ou une hyperthyroïdie menaçante, « 30 % des répondants attendent plus de deux mois l’avis urgent demandé ».
En dermatologie, un tiers des généralistes doivent patienter au moins 3 mois… Quant à l’accès aux psychiatres, plus d’un médecin répondant sur deux doit attendre, là encore, plus de trois mois pour une réponse même face à une possible « pathologie psychiatrique grave ». Quant au pédopsychiatre, « il est inaccessible avant trois mois pour 80 % des généralistes et de leurs patients ».
Dans la vraie vie, on ne se fait pas la guerre
Dr Agnès Giannotti
Le parcours de soins, spécialité du médecin traitant !
Plus aisés sont les accès aux chirurgiens orthopédistes pour qui un rendez-vous est possible dans la semaine pour 45 % des répondants. Un score à peu près identique (49 %) s’observe pour l’accès au chirurgien digestif. « On parle souvent de difficultés d’accès au médecin généraliste… C’est une réalité qui concerne aussi les spécialistes. Dans la vraie vie, on ne se fait pas la guerre », recadre la Dr Giannotti.
Pour la généraliste parisienne, la proposition de cotation à 60 euros d’Avenir Spé, dans le cadre d’un accès simplifié au spécialiste, relève « uniquement d’une demande tarifaire » et non d’une volonté concertée d’améliorer l’accès aux soins. D’où le souhait de la cheffe de file de MG France de ramener ces discussions dans le giron strictement conventionnel via, par exemple, le développement des équipes de soins spécialisées (ESS).
« L’orientation du patient dans le parcours de soins fait partie intégrante de notre spécialité ! », réaffirme la présidente de MG France, marquant son territoire. Son homologue d’Avenir Spé se défendait mercredi de vouloir court-circuiter le médecin traitant. « Mais on n'est pas au Monopoly, il ne s'agit pas de passer toujours par la case départ ! », recadrait le gastro-entérologue.
La séquence laissera-t-elle des traces ? « Certains nous traitent d’entonnoir, nous ne les traitons pas de feignants… , s’est agacé le Dr Jean-Christophe Nogrette, secrétaire général de MG France, devant la presse. Il est clair que nous devons mieux nous organiser entre nous. »
*Enquête en ligne effectuée du 14 septembre au 7 octobre 2024 auprès des médecins généralistes. 1 013 réponses traitées
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