Comment réduire les différences de prestations sociales entre remplaçant et installé ?
Dr Yannick Schmitt Aujourd’hui, nous ne signons pas la convention. Pourtant, les remplaçants appliquent les tarifs opposables. Ils ont une partie des protections, comme la CAF, mais pas l’avantage maternité (ASM). Nous revendiquons une convention adaptée à leur statut et une rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) spécifique. Celle-ci représente 10 % du chiffre d’affaires du généraliste. On peut imaginer que sur une période longue, le remplaçant puisse demander une partie de cette rémunération. Des accords, rares, se font déjà entre certains médecins.
Est-il vrai que certains remplaçants « profitent » de leur statut sans pour autant s’installer ?
Dr Y. S. On est là sur un fantasme. On regardait encore la semaine dernière l’Atlas de la démographie de l’Ordre. Ces chiffres sont d’ailleurs à manier avec précaution parce qu’ils incluent les médecins en cumul emploi-retraite. Le nombre de remplaçants en médecine générale de moins de 40 ans a augmenté entre 2015 et 2016 de seulement deux personnes. Il est donc faux de dire que ce statut est confortable et qu’on y reste… Certains font ça par choix personnel, mais c’est une minorité. C’est un statut transitoire nécessaire pour passer la thèse, réfléchir à l’installation, limité dans le temps – deux ou trois ans en moyenne.
Quelles relations entretiennent les remplaçants avec les installés ?
Dr Y. S. Il y a deux types de relation avec les installés. Les premiers sont des généralistes jeunes et urbains qui ont l’habitude de se faire remplacer et prêtent leur cabinet sans problème. Les seconds sont des médecins d’une autre génération, en zone sous-dotée, plus réticents à prendre un remplaçant. Une partie le justifie parce qu’ils n’en n’ont pas trouvé à une certaine époque et ont arrêté d’en chercher. C’est un petit peu dommage, parce qu’une grande majorité des remplaçants sont d’accord pour exercer dans ces zones.
Les syndicats seniors sont-ils concernés par le sort des remplaçants ?
Dr Y. S. On a bien vu lors des débats autour de l’ASM que le remplaçant n’existe pas pour eux. D’ailleurs, la réponse qu’on nous a formulée était claire : « Ils n’ont qu’à s’installer pour en bénéficier. » Pour eux, le remplacement est forcément une étape et plus elle est courte, mieux c’est. Ils ne voient pas l’intérêt d’améliorer leur condition aujourd’hui. Nous, on considère que si on veut qu’il y ait un maximum de médecins qui s’installent, leur première expérience en libéral doit bien se passer. Il faut absolument améliorer le statut du remplaçant.
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