Au moins 64 enfants en six jours sont décédés dans un hôpital public du nord de l'Inde. D'après les médias indiens, 30 enfants ont succombé pour les seules journées de jeudi et vendredi en raison d'un manque d'oxygène dans les services pédiatriques de l'hôpital Baba Raghav, dans l'Uttar Pradesh. La société fournissant les bonbonnes aurait mis fin à ses services, apparemment en raison du non-paiement de factures se montant à plusieurs millions de roupies, certaines remontant à novembre. Des médecins ont admis que l'approvisionnement en oxygène avait été interrompu pendant quelques heures jeudi soir, mais ils ont déclaré qu'aucun décès n'avait eu lieu durant cette période. Cette interruption coïncide pourtant avec une brusque augmentation du nombre de victimes jeudi, quand 23 nourrissons sont morts.
Yogi Adityanath -membre du parti de droite Bharatiya Janata Party du Premier ministre indien Narendra Modi- ministre en chef de l'Uttar Pradesh s'est rendu dimanche à cet hôpital du district de Gorakhpur, alors que les proches des victimes, en colère, réclamaient des réponses. Face à l'indignation et à la colère suscitées par cette tragédie, partis d'opposition et critiques du gouvernement ont réclamé la démission de Yogi Adityanath, un prêtre hindou qui a remporté les élections en mars dans cet Etat, le plus peuplé de l'Inde, avec plus de 200 millions d'habitants.
"Cet incident a eu lieu en raison du laxisme du gouvernement de l'État, qui en est pleinement responsable", a dénoncé samedi Ghulam Nabi Azad. Selon ce dirigeant du Congrès, principal parti d'opposition en Inde, "le ministre en chef (Yogi Adityanath), le ministre de la Santé et le secrétaire à la Santé doivent immédiatement démissionner, les médecins ne devraient pas être mis en cause".
Dans l'opinion, l'émotion est immense. Une manifestation a eu lieu lundi à New Dehli. Dans l'Uttar Pradesh, des étudiants ont maculé de tomates et d'œufs la résidence du ministre de la Santé de l'État. Et la Commission indienne des droits de l'homme a demandé au gouvernement local de lui adresser un rapport sur ces décès.
De fait, une enquête a été ouverte sur les dysfonctionnements de l'hôpital et Yogi Adityanath, durant sa visite, a promis de faire toute la lumière sur cette affaire : "si l'enquête démontre qu'un responsable a été négligent, il en subira toutes les conséquences", a-t-il affirmé. Le ministre en chef a repris à son compte la version donnée par les autorités sanitaires locales, qui ont reconnu une interruption de l'approvisionnement en oxygène, mais continuent d'affirmer que les décès ont été causés par des maladies telles que l'encéphalite, et non par l'absence d'oxygène.
Les hôpitaux publics indiens sont souvent débordés et au bord du point de rupture : les patients doivent faire face à de longues listes d'attente, même pour des interventions simples, et sont contraints à partager des lits. De ce fait, ceux qui le peuvent évitent les hôpitaux publics et se tournent vers les cliniques privées, où une consultation coûte en moyenne 1 000 roupies (plus de 13 euros), une somme énorme pour les millions d'Indiens qui vivent avec moins de deux euros par jour.
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