Si « Le Généraliste » était paru en 1901

Un médecin poursuivi pour faux diagnostic, cause d’un mariage rompu

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Publié le 07/02/2017
Histoire

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Le directeur d’une société coopérative, M. L…, habitant non loin de Paris, raconte Le Temps, souffrant de la gorge au commencement de l’hiver, fit appeler un médecin qui exerce dans sa commune, le Dr X…, et le pria d’examiner son cas. Au grand effroi de M. L…, le diagnostic fut sérieux ; le médecin découvrit que son nouveau client était « tuberculeux au dernier degré » et qu’une opération était nécessaire.

M. L… consentit à se laisser opérer deux fois. La première, le Dr X… enleva la luette et une amygdale ; la deuxième, il enleva une autre amygdale. Cependant M. L… n’alla pas mieux. Il insulta un jour son médecin un jour qu’il se trouvait chez ses futurs beaux-parents. M. L… devait contracter, en effet, assez prochainement, dit-on, un riche mariage ; et c’est par cette consultation au domicile de la fiancée que le médecin connut ce projet d’union.

Le diagnostic effrayant, fait au début, fut renouvelé par le médecin. Bien plus, il revint, dit-on, chez les beaux-parents en l’absence de M. L… et leur déclara « qu’il avait un conseil à leur donner » : ils ne pouvaient accorder la main de leur fille à M. L…, tuberculeux au dernier degré. Telles sont, du moins, les paroles que l’on reproche aujourd’hui au médecin.

Les beaux-parents adressèrent alors une lettre de rupture au fiancé, et la jeune fille écrivit elle-même une lettre émouvante au malheureux pour lui dire qu’elle l’aimait malgré tout et l’aimerait toujours.

M. L…, absolument désespéré, appela alors un autre médecin ; mais le diagnostic de celui-ci fut tout à fait différent. Et, pour trancher le cas, M. Z…, spécialiste connu, fut consulté. Il rassura pleinement le malade et déclara que les opérations pratiquées avaient été inutiles. Soigné d’autre sorte, M. L… aurait dû rapidement se rétablir. Ce dernier a donc porté plainte contre son médecin. Il l’accusa d’abord de blessures par imprudence et de faux diagnostic ayant eu pour conséquence une opération douloureuse inutile ; ensuite de violation du secret professionnel. C’est complet…

À quoi M. le Dr X… répondit qu’il a traité son client par la méthode indiquée par les classiques ; ensuite, que le mariage a été rompu simplement parce que la famille de la fiancée avait appris les opinions avancées du jeune homme et avait conçu quelques craintes.

Un juge d’instruction a été désigné pour suivre cette affaire et a chargé M. le Dr Descouts d’examiner M. L… qui se porte partie civile. Quand nous serons à la treizième cette année, nous ferons une croix. Attendons les débats car l’affaire est loin d’être claire.

(« La Gazette médicale de Paris », 4 mai 1901)

 


Source : lequotidiendumedecin.fr