Un urgentiste de Caen jugé pour dérives sectaires

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Publié le 21/05/2019
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Crédit photo : S. Toubon

Un médecin urgentiste était jugé ce mardi 21 mai devant le tribunal correctionnel de Caen (Calvados), pour abus de faiblesse et sujétion psychologique. Le procès, prévu en janvier dernier, a été reporté plusieurs fois.

Le médecin, qui exerce au CHU de Caen, est président de l’association Notre-Dame Mère de la Lumière, qui se réclame du « renouveau charismatique », un mouvement religieux apparu dans les années 1960 au sein des églises traditionnelles.

L'urgentiste est soupçonné d’avoir fait de ce groupe religieux une communauté sectaire, au sein de laquelle vivent une vingtaine de personnes (hommes et femmes séparément) dans deux maisons, à proximité de Caen. Une dizaine d'entre elles serait dépendante psychologiquement du médecin et consacrerait leur existence et la moitié de leurs revenus à l’association, indique le Parisien.

Soirées exorcisme

Depuis 2010, celle-ci ne fait plus partie de l'aumônerie de Caen, à la suite de « dérives théologiques » et de témoignages inquiétants. La justice reproche au médecin d’avoir pratiqué l'exorcisme lors de soirées avec « des expériences mystiques intenses ».

L'urgentiste aurait également organisé des « prières de guérison » avec apposition des mains et tiendrait des propos « très durs ». Les membres de l'association seraient par ailleurs obligés de prier jusqu’à des heures tardives au point d’être épuisés, de jeûner deux jours par semaine ou de rompre avec leur famille.

Les avocats du médecin ont balayé les accusations d'emprise sectaire, évoquant plutôt « des louanges et des choses un peu exaltées ». La plupart des membres de l'association Notre-Dame Mère de la Lumière ne se considèrent pas comme victimes.

Depuis une garde à vue en juin 2018, le médecin avait interdiction d'entrer en contact avec les autres membres de la communauté, ce qu'il n'aurait pas respecté. Il encourt jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 750 000 euros d'amende, la peine maximale prévue par le Code pénal lorsque l'abus de faiblesse est commis par le dirigeant d'un groupement « qui poursuit des activités ayant pour effet de créer, de maintenir ou d'exploiter la sujétion psychologique ou physique ».

Le conseil départemental de l’Ordre des médecins du Calvados s’est constitué partie civile dans cette affaire.


Source : lequotidiendumedecin.fr