La recertification des médecins finira-t-elle par devenir obligatoire ? Les jeunes médecins généralistes installés et remplaçants du syndicat ReAGJIR réunis en congrès recevaient vendredi le Pr Serge Uzan, auteur du rapport sur la recertification remis le mois dernier aux ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur.
Le doyen honoraire de Paris VI a avoué « ne pas être contre » l'idée d'un dispositif de recertification obligatoire pour tous les médecins dans les dix ans, devant les jeunes généralistes favorables à cette évolution. Dans son rapport, le Pr Uzan avait pourtant opté pour une recertification tous les six ans sur la base du volontariat pour les médecins déjà en exercice et obligatoire seulement pour les diplômés à partir de 2021.
Le Pr Uzan s'est expliqué sur ce choix. En n'imposant pas de recertification aux médecins déjà en exercice, il est allé dans le sens des demandes des syndicats seniors, farouchement opposées à toute obligation. « Je n’ai pas voulu bloquer les syndicats. Cela aurait été un fiasco. Pour moi, le premier objectif était de mettre le pied dans la porte et d'engager la recertification. » Pour les jeunes de ReAGJIR, il fallait aller plus loin. « Si la société médicale est désormais mûre pour la recertification, c’était le moment d’aller un cran plus loin, interpelle un généraliste dans la salle. Mettre le pied dans la porte, c’est bien, mais parfois il faut savoir y mettre le genou ».
Un dispositif simple pour commencer
Pas si simple d'imposer l'obligation selon le pilote de la recertification, qui a tenté d'apaiser le débat par la métaphore footballistique. « En 1998, on a gagné la coupe du monde de foot mais pas le texte sur la recertification. En 2018, la France est à nouveau championne du monde et on aura aussi la recertification », s'est engagé le Pr Uzan. Selon lui, la priorité était d'adopter un texte faisant au maximum consensus. « Je trouverais dommage qu’on attende encore 20 ans et peut-être une future victoire en coupe du monde pour que la recertification devienne obligatoire », rétorque un adhérent de ReAGJIR.
Le Pr Uzan est persuadé que les jeunes généralistes finiront par avoir gain de cause et qu'à terme, tous les médecins n'auront d'autre choix que de suivre la recertification. Mais cela nécessite de changer la réglementation. « La recertification doit passer par la loi, c’est ce qui me fait peur. C’est pour cela que je voulais que le dispositif soit la plus simple et la moins problématique possible. Elle pourra ensuite évoluer en fonction des demandes des professionnels eux-mêmes ». Et d'ajouter : « Si votre première demande est celle d'une obligation d'ici 10 ans et que cette position est fortement soutenue par l'ensemble de la profession, j’y serai très favorable », complète le gynécologue obstétricien.
Oui à la médecine du travail mais pas obligatoire
Les associations de jeunes médecins devront donc se battre dans les années à venir pour obtenir l'obligation et attendre que les mentalités de leurs aînés changent. Le Pr Uzan n'en doute pas : « Les premiers concernés par la recertification obligatoire arriveront en 2027. Entre-temps, il va se passer des choses. Les médecins voudront se recertifier et les techniques vont évoluer », assure-t-il.
La question d'une attestation médicale d'aptitude du professionnel de santé délivrée par le médecin du travail pour les 5 ans, revendication de ReAGJIR pour prévenir du burn-out, a été rapidement balayée par le Pr Uzan. L'ex-doyen ne souhaitait pas qu'une attestation du médecin du travail soit un passage obligé de la recertification. « Je n'ai rien contre la médecine du travail, elle existe pour les hospitaliers et ce serait une excellente solution qu'elle soit accessible demain aux libéraux », a-t-il cependant conclu.
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