Devant la montée de l'antibiorésistance en France, Marisol Touraine met le turbo. Le rapport Carlet « Tous ensembles, sauvons les antibiotiques » qui lui avait été remis en juin 2015 avait soumis un certain nombre de propositions pour enrayer ce phénomène mondial. Marisol Touraine a donc dévoilé le 17 novembre les grandes lignes d’un programme interministériel, regroupant six ministères, visant à diminuer la consommation d’antibiotiques de 25 % d’ici à 2018.
Quatre axes principaux
Le premier axe de la feuille de route de la ministre passe par la sensibilisation du public à l’antibio- résistance, au moyen d’un programme de communication associant le Ministère de la Santé, de l’Agriculture, de l’Environnement et de l’Education nationale. Le second axe est le renforcement de l’encadrement de la prescription des antibiotiques. Dans cette optique, les antibiotiques les plus à risque de faire émerger des germes résistants (association amoxicilline-acide clavulanique, céphalosporines, fluoroquinolones, témocilline) feront l’objet d’une prescription limitée à sept jours pour des indications précises.
Pour ces antibiotiques, une ordonnance dédiée sera liée à la réalisation d’un test rapide de diagnostic. Le rapport Carlet préconisait de l'intégrer dans les logiciels métiers. Troisième axe : accroître la recherche et le développement visant à lutter contre la résistance microbienne. Enfin, améliorer la surveillance du phénomène d’antibiorésistance.
Le tableau de bord des trois agences
à ce propos, l’ANSES, l’ANSM et Santé publique France viennent de publier un rapport sur la consommation d’antibiotiques et la résistance aux antibiotiques en France. En Europe, la France reste un des pays les plus consommateurs d’antibiotiques (3e rang).
Les pénicillines demeurent parmi les molécules les plus consommées dans le pays. En ville, l’amoxicilline représente 37 % des achats et son association avec l’acide clavulanique 24 %. Ainsi, si la consommation a décru dans presque toutes les classes d’antibiotiques, ces deux traitements demeurent des exceptions. Ils sont d'ailleurs aussi ceux qui sont les plus utilisés en établissement de santé.
D’après les laboratoires d’analyses de biologie médicale, la proportion de staphylocoque doré résistant à la méticilline en ville reste stable depuis 10 ans ; elle est même en diminution régulière dans les établissements de santé. Les mêmes laboratoires rapportent, en revanche, une hausse de la résistance aux céphalosporines de 3e génération chez E.Coli qui passe de 1 % en 2006 à 4 % en 2013. Il en est de même pour les hôpitaux où elle est passée de 1,4 % en 2005 à 11,9 % en 2015. Quant aux pneumocoques, la proportion de ceux résistants à la pénicilline et aux macrolides a diminué quasi constamment depuis 10 ans, mais malgré cette baisse, la France reste un des pays d’Europe à forte résistance.
D'importantes disparités géographiques
C’est donc pour E.Coli que les résultats sont les plus préoccupants. Si on y regarde de plus près, les données régionales montrent des disparités au niveau du nombre de E.Coli BLSE (bactéries produisant du bêta-lactamase à spectre étendu) qui est le mécanisme de résistance le plus fréquent). Apparemment, c’est en PACA que l’on a isolés, en ville, le plus de E.Coli BLSE lors d’infections urinaires. À l’opposé, la Bretagne présente les taux les plus bas. En établissement de santé, les taux d’incidence d’E.Coli BLSE les plus élevés sont aussi en PACA et en île de France.
À l’inverse, les données les plus faibles ont été relevées dans les régions Pays de Loire et Centre.
Ainsi, pour les deux secteurs, la Bretagne et les Pays de la Loire ont des niveaux de consommations comme de résistance aux antibiotiques les plus bas, contrairement à l’Île de France où les taux sont élevés. Toutefois, la comparaison entre les données régionales est ardue car la fréquence des infections et les types de micro-organismes en cause diffèrent également selon les localités.
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