Qui a dit que SOS médecins ne faisait que des visites ? Si ses praticiens en effectuent 2,5 millions chaque année, ceux-ci assurent également près de 900 000 consultations, a souligné jeudi matin le président de la Fédération SOS Médecins France, le Dr Pierre-Henry Juan, qui chapeaute les 63 antennes de SOS dans toute la France.
À l’heure où le gouvernement souhaite — via la création de postes d’assistants médicaux et de CPTS — redonner du temps médical aux praticiens, notamment pour que ceux-ci prennent en charge les soins non programmés, SOS Médecins entend donc faire valoir son expertise en la matière. « Les soins non programmés, on connaît bien, puisqu’on a une augmentation de cette activité dans nos structures de 38 % sur les dix dernières années, a insisté le Dr Juan. Nous avons une pleine compétence dans le domaine. »
Favorable à la logique des communautés professionnelles territoriales de santé, la fédération explique être vigilante concernant le rôle que joueront les associations SOS Médecins dans ces organisations. « Nous souhaitons être dans les systèmes et pas encore une fois à côté », a déclaré le Dr Juan.
« Nous ne pensons pas qu’il y ait une volonté de nuire à notre fonctionnement mais nous craignons la mise en place d’un fonctionnement qui ne tienne pas compte de nos spécificités et que nous soyons mis de côté », ajoute le Dr Serge Smadja, secrétaire général de SOS Médecins France.
Manque de reconnaissance
Des craintes probablement nourries par le sentiment de ne pas être logé à la même enseigne selon qu’un médecin est installé ou membre d’une association SOS Médecins. La fédération déplore ainsi que certaines cotations — et donc certaines majorations — ne soient accessibles qu’aux médecins traitants ou à des praticiens en consultation. Et les responsables de SOS de citer les cotations de suture, d’envoi chez le spécialiste en 48 heures, de délocalisation géographique ou encore celles concernant des actes d’urgence.
Pour le Dr Smadja, il ne s’agit pas « tellement une question d’argent » — certaines cotations ne représentent que cinq euros — mais de « reconnaissance ». Étant donné qu’ils remplissent « une fonction de service publique utile », « il n’y a pas de raison que les médecins de SOS n’aient pas accès à une majoration accordée à leurs confrères », estime le secrétaire général. « Il ne faut pas que nos praticiens se sentent à part », appuie le Dr Juan.
Des terrains de stages refusés
Et ce n’est pas la seule injustice que dénonce SOS Médecins. Alors que des médecins de l’association souhaitent devenir maîtres de stage et ainsi accueillir des internes de médecine générale dans leur cabinet, dans « environ un tiers » des antennes de SOS, les praticiens se voient refuser cette possibilité, selon le Dr Smadja. Et celui-ci de dénoncer les arguments « fallacieux » de certains départements de médecine générale pour lesquels l’exercice des médecins de SOS « ne représente pas toutes les spécificités de la médecine générale ».
« Nous ne remettons pas en cause la notion de médecin traitant, pivot du système, mais prônons la complémentarité entre ces modes d’exercice », explique le Dr Smadja. « Il serait très pertinent qu’un médecin de SOS médecins soit un des deux membres du binôme de MSU », glisse le Dr Juan.
La Fédération SOS Médecins France dénonce l’incohérence de ces refus alors que la lutte contre la désertification médicale passe justement par la formation des futurs médecins.
La téléconsultation arrive
Enfin, SOS a annoncé qu'elle s'apprêtait à déployer sa solution de téléconsultation. « Nous sommes en train de finaliser les aspects strictement techniques », a confié le secrétaire général Serge Smadja.
Alors que dans un premier temps, les syndicats et l'Assurance maladie préconisaient le remboursement des seules téléconsultations réalisées par le médecin traitant, l'avenant 6 à la convention prévoit finalement des exceptions. SOS Médecins a salué « la bonne écoute des partenaires conventionnels ». Les téléconsultations assurées par les structures de SOS devraient donc être éligibles à un remboursement par la Cnam.
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