Pendant deux jours, les membres de la Fédération française des maisons et pôles de santé (FFMPS) se retrouvent à Nantes pour les 7e journées nationales dédiées à l’exercice pluriprofessionnel. Un lieu fort en symbole, puisque c’est ici, en Pays de Loire, que les premières maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) ont vu le jour il y a plus d’une décennie.
La fédération locale, l’APMSL-PDL a ouvert l’événement en musique, avec une chorégraphie millimétrée appréciée par le millier de participants (voir en bas de l'article). Parmi eux, des médecins, mais aussi des paramédicaux, coordinateurs de MSP et institutionnels.
Le président de la FFMPS, le Dr Pascal Gendry, lui aussi régional de l’étape, en a profité pour engager sa « révolution des soins primaires ». Les maisons de santé vivent en effet une période clé de leur évolution (lire notre dossier ici).
Cette année, le ministère n’a pas présenté de chiffres officiels mais la FFMPS a revendiqué 1 033 sociétés interprofessionnelles de soins ambulatoires (SISA), chacune rassemblant une ou plusieurs maisons de santé. 337 projets seraient par ailleurs en cours. Le gouvernement, qui souhaite doubler ce nombre d’ici à la fin du quinquennat, devra cependant trouver des leviers stratégiques pour encourager l’exercice en MSP, qui se heurte encore à quelques obstacles.
Reconnaître et mieux rémunérer les coordinateurs
En matière de coordination tout d’abord. Si les équipes de soins primaires se sont organisées « pour garantir l’accès aux bons professionnels au bon moment », le Dr Gendry estime qu’il faut désormais aller plus loin « en participant à la prise en charge des soins non programmés dans les territoires ». Cela passerait selon lui par l’élaboration de « protocoles de coopération pour le suivi des épisodes aigus en soins primaires ». Autre point d’amélioration, reconnaître le statut de « coordinateur » en lui attribuant une rémunération propre. C’est l’une des revendications prioritaire de ce congrès. Supprimer le cloisonnement entre les différents modes d’exercice et « accueillir des pratiques salariées dans les maisons de santé sera aussi un enjeu fort de demain », estime le Dr Pascal Gendry.
Et qui dit coordination entre professionnels dit aussi système de partage d’informations fonctionnel. Sur ce point, il reste beaucoup de chemin à parcourir. « Il n’est pas admissible qu’aujourd’hui, un professionnel utilise quotidiennement deux logiciels simultanément, un pour l’exercice coordonné, l’autre pour la facturation » déplore le président de la FFMPS, qui appelle les éditeurs de logiciels à faire évoluer leurs systèmes.
538 MSP vont toucher l'ACI en avril
L’Accord conventionnel interprofessionnel (ACI) signé en avril et destiné à mieux rémunérer les structures, en termes de coordination notamment, n’a pas encore pris toute l’ampleur que la profession espérait. Le directeur de la CNAM Nicolas Revel, présent à Nantes, a annoncé que seules 538 structures ont signé à ce jour une convention avec l’Assurance maladie pour toucher ce nouveau mode de financement. La première année de versement aura lieu fin avril. « Les structures devraient toucher une enveloppe d’environ 50 % plus élevée qu’avec les anciens accords », a précisé le directeur de la CNAM. Les indicateurs devront évoluer pour que le nombre de signataires de l’ACI augmente, argumente le Dr Gendry, et le texte devra s’adapter aux évolutions des MSP, « en intégrant des critères d’intégration des usagers et des critères de qualité des soins », estime-t-il.
Bientôt des indicateurs de qualité
À ce sujet, la FFMPS a signé ce matin avec la représentante de la HAS et ancienne directrice de la DGOS Anne-Marie Armanteras de Saxcé un partenariat pour travailler sur l’élaboration d’indicateurs de qualité des soins. Nicolas Revel a confirmé que l’ACI était « un accord qui a vocation à bouger mais auquel il faut laisser du temps ». Il est donc peu probable que 2018 soit le théâtre d’un nouvel avenant ACI signé par les partenaires conventionnels.
La FFMPS a soulevé un dernier point, et non des moindres : la rémunération des professionnels exerçant en MSP. Dans une courte vidéo diffusée en début de congrès, par Agnès Buzyn a rappelé les grandes lignes de son plan pour l’accès aux soins et précisé que l’article 51 du PLFSS 2018, « relatif aux expérimentations, ouvre un soutien inédit aux innovations organisationnelles, particulièrement pour renforcer la prise en charge en ambulatoire des soins non programmés ». Cette disposition réglementaire pourrait permettre de tester des nouveaux modes de rémunération au parcours de soins, que le gouvernement souhaite développer. Nicolas Revel a confirmé que des expérimentations pourraient voir le jour dès cette année. Sans entrer dans les détails, il a évoqué deux pistes. Celle en effet du « financement à l’épisode de soins » et celle d’un modèle inspiré du système américain des "Accountable care organisations", « qui rassemble des structures de soins primaires pour construire des modes de rémunérations qui viennent valoriser la qualité de la prise en charge ».
BONUS : la chorégraphie d'ouverture
[VIDEO] Les professionnels de la fédération des pôles et #MSP des Pays de la Loire ouvrent les journées de la @FederationMPS en musique ! #ffmps2018 pic.twitter.com/cbib5FeL5O
— Le Généraliste (@LeGene_hebdo) 9 mars 2018
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