Le week-end aura été tendu pour certains médecins bretons participant à la permanence des soins (PDS). Les départements du Finistère et du Morbihan font face à un début de pénurie de carburant et il est désormais difficile pour les professionnels de santé de trouver une station dans laquelle s'approvisionner. En cause, le blocage des dépôts pétroliers de Lorient et du port de Brest depuis le 27 novembre par des indépendants du secteur des travaux publics, rejoints par les « gilets jaunes ». Ils manifestent contre l'augmentation du gazole non routier (GNR) prévue au 1er janvier.
Manque d'informations
Ces barrages, filtrants dans un premier temps, ont été totalement bloqués vendredi. Les médecins assurant la PDS ont ainsi été pris de court ce week-end et n'ont pas pu anticiper la pénurie. Le Dr Pepper (pseudo), remplaçant dans le Finistère, a pris sa garde de nuit dimanche soir. Quelques heures avant, dans l'après-midi, sa compagne l'informe des difficultés. « J'ai tout de suite alerté le pool de médecins qui assure la PDS via notre groupe Facebook mais aucun signal d'alarme n'avait été donné ». Il tente alors de contacter les commissariats et le SAMU de Brest. « Aucune pompe n'avait été réquisitionnée par la préfecture pour les professionnels de santé », précise le jeune généraliste.
Ce dernier va même jusqu'à se rendre dimanche après-midi au dépôt bloqué par les manifestants, situé à quelques mètres de chez lui. « Je les soutiens dans leurs revendications mais je voulais les sensibiliser au fait que les conséquences du blocage pourraient être graves pour les patients », confie le médecin. Les manifestants, peu réceptifs, lui auraient répondu qu'en cas d'urgence, « le SAMU n'avait qu'à envoyer l'hélico ». Un confrère de SOS médecins Brest trouve finalement une pompe approvisionnée en essence pour permettre au Dr Pepper de pouvoir assurer sa garde.
Mesures de restrictions
Dans la soirée de dimanche, la préfecture publiait un arrêté visant à mettre en place des mesures de restriction d'achat de carburant (30 € pour les véhicules légers). Contactée par Le Généraliste, l'Association Départementale pour l'Organisation de la Permanence des soins du Finistère (ADOPS 29), n'a reçu ces informations de la part de la préfecture qu'aujourd'hui lundi en début d'après-midi. Plusieurs stations à Brest et Quimper seront réquisitionnées pour les véhicules prioritaires.
« Heureusement, beaucoup de médecins avaient pris leurs précautions », confie Christine Moal, secrétaire de l'association. « On n'est pas passé loin de la catastrophe, ajoute le Dr Pepper. À 24 heures près, la moitié des médecins se seraient retrouvés à sec. Il y a eu un réel problème de communication et d'anticipation de la préfecture ». Lundi après-midi, le généraliste n'avait pas encore été prévenu directement des mesures mises en place par la préfecture. Ce sont des confrères et consœurs qui ont transmis l'info sur les réseaux sociaux. « Je me demande tout de même si les stations vont pouvoir être réapprovisionnées car beaucoup de pompes étaient déjà vides dimanche. Je pense à toutes les infirmières et kinés qui doivent avoir des difficultés pour se déplacer ce lundi », conclut le généraliste.
Je suis médecin de garde cette nuit, je suis sur la réserve de ma voiture, et la préfecture n'a encore requisitioné aucune pompe. Je pars en quête.
— DrPepper -- no #fakemed -- (@DocPepperFR) 2 décembre 2018
Je conseille aux finistériens de ne pas tomber malade cette nuit... https://t.co/anaTWShvF9
@panarmorix @DocPepperFR @MedecinDesAbers pic.twitter.com/tpXcUxhavT
— Sébastien Thos (@SebastienThos) 3 décembre 2018
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