Alors que les modalités d’indemnisation des médecins libéraux ayant subi une baisse de leur activité depuis le début de l’épidémie de coronavirus ont été dévoilées hier, et que les internes en médecine mobilisés toucheront pour leur part une prime exceptionnelle, les médecins remplaçants sont pour l'instant les oubliés de la crise sanitaire. Exclus de l'aide accordée par l'Assurance maladie au titre de la baisse d'activité (pour rappel les remplaçants ne sont pas signataires de la convention), ils déplorent un manque à gagner important lié à l'épidémie.
Selon les résultats partiels d'une enquête effectuée par le syndicat ReAGJIR (jeunes installés et remplaçants) auprès de 1 086 généralistes remplaçants, un tiers d'entre eux ont observé une baisse de chiffre d’affaires de plus de 50 % pour le mois de mars et deux tiers pour le mois d'avril. En cause notamment, les nombreux contrats de remplacement annulés à cause du confinement. 67 % des répondants ont eu un moins un contrat annulé depuis le début de l'épidémie. Résultat, l'inquiétude est grande chez les quelque 12 000 remplaçants français (chiffres Cnom 2018). Selon l'enquête de ReAGJIR, un tiers n’est pas sûr de s'en sortir financièrement.
« Sur le banc de touche »
Le syndicat présidé par le Dr Laure Dominjon réclame ainsi un coup de pouce financier pour les médecins remplaçants, dont beaucoup se sont mobilisés pour prendre en charge les patients. « Beaucoup ont essayé de trouver de l'activité, se sont portés volontaires dans les centres Covid, pour effectuer des gardes de ville ou hospitalières », remarque la généraliste. Elle insiste notamment sur la nécessité d'accompagner ces jeunes médecins motivés, dont les revenus de début d'exercice sont insuffisants pour absorber les pertes liées au Covid. « Certains débutent et n'ont pas forcément de trésorerie d'avance. C'est une population précaire avec une protection sociale minime et des revenus irréguliers. On abandonne les médecins les plus jeunes qui doivent s'installer et qui se projettent dans l'installation. Mobilisés et motivés, ils se retrouvent aujourd'hui sur le banc de touche » déplore le Dr Dominjon.
Si certains remplaçants ont pu faire appel au Fonds de solidarité mis en place par le gouvernement pour venir en aide aux entreprises libérales dont le chiffre d’affaires a chuté de plus de la moitié par rapport à l'an dernier, tous n'ont pas pu bénéficier de cette aide allant de 1 500 à 3 500 euros. « Beaucoup débutent et n'ont pas de revenus de référence pour mars et avril 2019. Bref, ils ne remplissent pas toutes les cases », regrette le Dr Dominjon.
Dans un entretien accordé au Quotidien du médecin, le directeur de l'Assurance maladie Nicolas Revel a assuré « étudier la situation particulière des remplaçants », notant toutefois que la Cnam n'a pas connaissance de leurs revenus. Le Dr Laure Dominjon convient de ce manque de traçabilité des revenus des remplaçants mais, selon elle, cet argument ne vaut pas. « La Cnam n'a pas de vision sur les actes des remplaçants car ils sont réalisés au nom du médecin remplacé. Seuls l'Urssaf et les impôts ont des informations sur leurs revenus. Il est dommage qu'on ne puisse pas extraire ces données au moment où on en a besoin. Pourquoi ne pas demander à tous les remplaçants de réaliser une déclaration pour avoir un revenu de référence ? Cela ne semble pas impossible », propose la présidente de ReAGJIR.
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