Quelques mois après le plan de refondation des urgences, le gouvernement dégaine cette fois-ci un « plan d’urgence pour l’hôpital » pour répondre à la crise que le secteur traverse. « Dans toute la France, les personnels nous disent que l’hôpital décroche », a déclaré ce mercredi matin le Premier ministre Édouard Philippe. « Nous savons tous ce que nous avons dû ou nous devons à l’hôpital public », a-t-il ajouté en introduction, expliquant que le gouvernement avait « entendu la colère, l’épuisement et le désarroi », des soignants notamment.
1,5 milliard d'euros de crédits en plus d'ici à 2022
La réponse de l’exécutif prend donc en premier lieu la forme de nouveaux investissements financiers. Pour les trois ans à venir 1,5 milliard d’euros supplémentaires seront débloqués pour l’hôpital dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Dès cette année, ce sont donc 300 millions qui sont ajoutés au budget déjà prévu pour les établissements dans le PLFSS 2020. L’ONDAM sera ainsi porté à 2,45 % pour l'an prochain. En 2021 et 2022 il sera de 2,4 % avec des investissements supplémentaires débloqués de 500 puis 700 millions respectivement pour les deux années.
Dans le détail, ce 1,5 milliard doit permettre de mettre en œuvre le premier axe de ce plan d’urgences : renforcer l’attractivité des métiers et des carrières à l’hôpital. Notamment, une prime annuelle de 800 euros net sera allouée aux 40 000 infirmiers et aides-soignants d’Ile-de-France qui gagnent moins que le salaire médian, environ 1 900 euros net par mois. Les aides-soignants exerçant auprès des personnes âgées et qui ont acquis une compétence spécifique en gériatrie bénéficieront dès 2020 d’une prime de 100 euros net mensuels. La prime d’engagement dans la carrière hospitalière (PECH) sera étendue aux paramédicaux et revalorisée pour tous. Les 4 premiers échelons du statut de praticien hospitalier seront fusionnés et l’indemnité de service public exclusif (ISPE) pourra être obtenue dès la période probatoire. Deux mesures visant à « accélérer l’entrée dans la carrière », a expliqué Agnès Buzyn. Les établissements auront aussi à leur main une enveloppe pour valoriser l’investissement et l’engagement des personnels. « Cela représentera en moyenne une prime annuelle d’environ 300 euros et pourra concerner jusqu’à 600 000 personnels », a souligné la ministre de la Santé. Agnès Buzyn a également dit son intention d’améliorer la situation des CHU et redonnant « la priorité à leurs missions spécifiques ». Les crédits MERRI qui les financent seront donc également augmentés.
Un tiers de la dette reprise
Du côté des investissements financiers, Édouard Philippe a également annoncé « une décision de rupture » : la reprise par l’État d’un tiers de la dette des hôpitaux d’ici trois ans. Une mesure qui doit permettre aux établissements « de retrouver des marges » et qui représentera 10 milliards d’euros d’ici 2 022. Pour « redonner de la visibilité » aux hôpitaux les tarifs hospitaliers ne baisseront pas jusqu’à la fin du quinquennat, l’objectif annoncé est une hausse de 0,2 % chaque année. Enfin une enveloppe de 150 millions d’euros annuels sera dédiée à l’investissement courant des établissements : travaux légers, petit matériel etc. « Ils seront à la main des chefs de service principalement », a précisé le Premier ministre.
S'attaquer à l'intérim médical
Le dernier axe du plan est de « lever les blocages de l’hôpital public ». Cela passe notamment par une réforme de la gouvernance des établissements pour « redonner et renforcer la place des médecins dans les prises de décisions » notamment au niveau des commissions médicales d’établissements ou dans les services. Agnès Buzyn veut aussi ouvrir aux médecins la possibilité de devenir chef d’établissement en levant certaines « contraintes juridiques ». Le gouvernement vise aussi un allègement des procédures administratives, par exemple dans les recrutements avec la suppression du concours de praticien hospitalier et la publication des postes « au fil de l’eau » et non plus de façon pluriannuelle. Enfin elle veut aussi lutter contre le mercenariat dans l’intérim médical notamment en mettant en place des contrôles individuels et en travaillant à un cadre législatif plus strict.
Pas d'accord sur le budget au parlement
En parallèle, députés et sénateurs ont échoué hier mardi à se mettre d'accord sur une version commune du projet de budget 2020 de la Sécurité sociale, qui va donc faire l'objet d'une nouvelle lecture à l'Assemblée à partir de lundi prochain. Les sénateurs avaient mis brutalement fin à l'examen du texte la semaine dernière, en attendant de connaître les mesures d'urgence pour l'hôpital présentées ce jour. Les députés réexamineront le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2020 (PLFSS) lundi et éventuellement mardi, puis ce sera au tour du Sénat alors que la lecture définitive est prévue le lundi 2 décembre au Palais Bourbon.
Quatre généralistes font vivre à tour de rôle un cabinet éphémère d’un village du Jura dépourvu de médecin
En direct du CMGF 2025
Un généraliste, c’est quoi ? Au CMGF, le nouveau référentiel métier redéfinit les contours de la profession
« Ce que fait le député Garot, c’est du sabotage ! » : la nouvelle présidente de Médecins pour demain à l’offensive
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur