Au sortir de l'été, Agnès Buzyn présentait son plan urgences, visant à enrayer une crise commencée en mars. Parmi les mesures phares du plan figurait la mise en place d'un service d’accès aux soins (SAS), sur lequel planchent notamment deux médecins généralistes. Cette plateforme téléphonique et/ou digitale, fonctionnelle 24h/24 devra orienter les patients et leur offrir un conseil et si nécessaire une offre de soins.
« C’est exactement ce que nous faisons depuis 50 ans », répond en substance SOS Médecins France, qui s’inquiète de l’arrivée de ce « nouvel "ogre administratif", parfait sur le papier mais inefficace dans la réalité ».
La crainte d’une nouvelle mise à l’écart
Réunies en assemblée générale à Lyon le jeudi 3 octobre, les 63 antennes de SOS Médecins ont voté à l’unanimité le boycott de l’audition prévue ce mardi de la fédération par l’« équipe projet » chargée par Agnès Buzyn de travailler sur le SAS.
« C’est une décision mûrement réfléchie », a confié au Généraliste le Dr Pierre-Henry Juan, président de la fédération — réélu lors de cette AG. « Nous sommes évidemment opposés à ce numéro. Nous gérons plus de six millions d’appels par an. Quid de nos patients ? De notre positionnement dans ce SAS ? », s’interroge-t-il. Le praticien redoute qu’avec la création de ce nouveau service, les patients de SOS médecins ne soient plus pris en charge selon les « mêmes modalités de cotations et de remboursement que les acteurs des soins ». Ce qui constitue une « ligne rouge à ne pas franchir », prévient SOS.
« Sera-t-on vraiment dans le système ou encore une fois à la marge ? Nous ne le savons pas », souffle le Dr Juan.
« Un problème de gestion des appels »
Si les différents interlocuteurs de SOS médecins France (conseillers ministériels, Assurance-maladie, syndicats…) affirment lors de leurs entretiens avec la fédération que SOS a son rôle à jouer dans le système de santé, cela ne se vérifie pas forcément dans les faits, constate Pierre-Henry Juan. « Nous avons été auditionnés en juillet par la mission Mesnier-Carli. Nous leur avons expliqué notre mode de fonctionnement. Ils nous ont écoutés mais au final, on se retrouve avec le SAS », regrette-t-il.
Pour le président de la fédération, le SAS ne fera que « recréer un problème de gestion des appels », avec des risques de perte de chance pour les patients. Et ce, alors que le Samu et SOS se débrouillent plutôt bien, selon lui, avec leurs 25 et 6 millions respectifs d’appels par an. « Même s'il y a toujours quelques drames », précise le Dr Juan.
Par ailleurs, le président de la Fédération SOS médecins France estime qu’une revalorisation de la visite à domicile — « gage de qualité et de maintien des repères » — aurait été plus pertinente et moins coûteuse que de mobiliser des moyens pour transporter les patients dans des cabinets de ville, comme le prévoit le plan urgences.
SOS médecins souhaite enfin être cité dans les textes qui définiront les modalités de mise en œuvre des soins non programmés (SNP), comme elle l’est dans ceux régissant la permanence des soins ambulatoire.
Si la fédération n'obtient pas de réponses satisfaisantes à ses problématiques, elle décidera lors d'une assemblée générale extraordinaire, prévue avant les fêtes de fin d’année, « des moyens d’action susceptibles de faire connaître et comprendre les propositions de SOS Médecins ».
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