Pour les cinq principaux syndicats de médecins libéraux : MG France, SML, FMF, CSMF et Le Bloc, la rencontre aura abouti à la constitution d'un front uni. D’une seule voix, ils annoncent la fermeture des cabinets à partir du 13 novembre ainsi que la grève de la PDS, une manifestation devant l’Assemblée Nationale le 16 et la tenue d’une contre-conférence de santé le 11 février à Paris : les Assises de la Médecine Libérale.
Au-delà, le "Black Friday" promet de réunir les professionnels de santé au plus large: même les cliniques privées ont annoncé leur participation. Les syndicats de jeunes médecins, parfois un peu timide face aux mouvements de leurs aînés, annoncent aussi leur soutien: de loin pour Reagjir, plus franc du côté du SNJMG. Quant à l'Ordre, il explique qu'il "comprend et partage (...) les raisons et le sens de l'exaspération des médecins et des appels à la grève pour le 13 novembre (...) dont le gouvernement porte aujourd'hui la responsabilité". Son communiqué estime d'ailleurs que "ce mouvement ne peut rester sans réponse", en appelant "de nouveau au président de la République."
UNE UNITÉ SANS PRÉCÉDENT
Même si quelques désaccords persistent entre les différentes formations, les représentants des médecins sont tombés d’accord sur quelques grandes lignes essentielles. Ainsi ils réaffirment notamment qu’ils ne mettront pas en œuvre le tiers payant généralisé obligatoire, ils revendiquent aussi d’être les organisateurs de leurs territoires de santé ». Les syndicats se défendent donc d’une unité de façade et mettent au contraire en avant une entente historique. « Cette unité, c'est du jamais vu » estime Claude Leicher ,« cela va bien au-delà du simple fait de se mettre d’accord pour une mobilisation, on va travailler ensemble », explique Luc Duquesnel. « On se rencontre malgré les divergences, on se parle et ça, c’est le plus dur »,renchérit Jean-Paul Hamon. Une union sacrée qui doit aussi permettre aux syndicats de peser davantage face aux pouvoirs publics, « les syndicats qui se présentent en rang serré, coude à coude et uni, je peux vous dire que pour le gouvernement ce n’est pas une bonne nouvelle » estime le président de la FMF.
VOTER N'EST PAS APPLIQUER
Les syndicats prévoient d’ores et déjà une forte mobilisation de tous les médecins un peu partout en France. Chacun, séparément cette fois-ci, fait déjà circuler affiches, tracts et vidéos pour annoncer le Black Friday. Le jour J des ralentissements autoroutiers, des réunions d’information à destination des patients, des manifestations viendront s’ajouter au blocage sanitaire en France et en régions. La grève des permanences des soins ambulatoires devrait, quant à elle, être prolongée au moins jusqu’au vote de la loi.
Le vote de la loi justement semble inéluctable, pourtant les syndicats semblent toujours croire à un possible recul du gouvernement. « Le gouvernement, à un mois des élections régionales est plus qu’un peu embêté par les actions des médecins, et le bruit qu’on fait », explique Éric Henry. Et tous semblent considérés que le vote de la loi ne signifie pas son application : « pour la loi HPST, il y a des décrets d’application qui ne sont toujours pas passés. Et quoi qu’il en soit nous n’appliquerons pas le tiers payant généralisé, on fera de la désobéissance civile s’il faut », note Luc Duquesnel.
RESTER UNIS DANS L'APRÈS-LOI DE SANTÉ
Quoi qu’il en soit, les représentants des libéraux planchent déjà sur l’après, pour y arriver préparés. Ainsi, ils ont décidé d’organiser des séminaires et de se retrouver à plusieurs reprises pour travailler à des propositions communes pour les négociations conventionnelles prévues au printemps prochain. « C’est une grande première pour nous de discuter en amont », souligne Éric Henry. Les syndicats présenteront ces propositions lors des Assises de la Médecine Libérale, organisées le 11 février. Joli pied de nez au Premier ministre, Manuel Valls, puisque ce sera le même jour que la Conférence nationale de santé qu'il organise. Ce n'est pas tout : un mouvement tarifaire lancé par tous les syndicats pourrait aussi voir le jour à partir du mois de janvier.
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