Jeu sérieux, jeu de guerre, jeu de société, terrain de jeu… Le Congrès de la médecine générale France (CMGF) s’est ouvert ce 24 mars sur le thème du jeu avec les discours du Pr Paul Frappé, président du Collège de la médecine générale, et du Dr Isabelle Cibois-Honnorat, présidente du comité scientifique du CMGF. Mais ce n’est pas parce qu’on parle de jeu, que les sujets sérieux ne sont pas abordés.
Si le Pr Frappé a débuté en citant les développements des jeux sérieux ou serious game dans le cadre de la formation des médecins mais aussi pour soigner, il a également rappelé les revues scientifiques traitant du jeu dans le champ de la santé. Le président du CMG a par ailleurs eu une pensée pour les médecins généralistes ukrainiens, rappelant la mobilisation des réseaux de confrères à travers l’Europe et le Monde pour apporter leur soutien.
Retour sur les deux ans de crise Covid
Et pour aborder la crise Covid, le Pr Frappé n’hésite pas à parler de jeu de combat, soulignant que « la médecine générale ne fait pas de bruit, mais (…) la médecine générale a fait son travail », invitant les participants à ressentir « la gratitude des patients que vous avez aidés, (…) ce contentement que vous méritez ». Le Dr Cibois-Honnorat a elle rappelé la période où des soignants fabriquaient des blouses avec des sacs-poubelles et des masques à partir de chaussettes. Dénonçant ceux qui ont « joué avec ce virus comme à la roulette russe », le Pr Paul Frappé a invité les participants à ne pas baisser la garde.
Relation au patient et santé du médecin au menu de la certification périodique
Il a bien entendu rappelé un certain nombre de missions et de travaux du CMG, notamment en lien avec les autres spécialités ou dans le cadre du parcours triennal du DPC. Un mot également pour la certification périodique qui entrera en vigueur en 2023 et pour laquelle le CMG élabore le référentiel. « Cette certification n’abordera plus seulement l’acquisition de connaissances et l’analyse des pratiques. Elle ajoute une dimension sur la relation au patient et une dimension sur la santé du médecin », indique-t-il.
Le Pr Frappé a par ailleurs dénoncé la tendance au MG-splaining et du primary care-washing, martelant : « qu’on nous laisse faire du soin utile, et plutôt que d’alimenter ce tourisme humanitaire en médecine générale, que l’on vienne réellement soulager notre charge mentale en encourageant ceux qui s’inscrivent dans une démarche réellement coordonnée, réellement utile pour les patients ». Avant d’ajouter : « rester utile, cela nécessite de faire évoluer nos métiers au même rythme que la société ». Et s’il liste différents dispositifs de transferts de compétences et délégations de tâches, le Pr Frappé avertit : « tout ce skill mix (ou combinaison de compétences, ndlr), s’il est nécessaire, ne doit pas aboutir à une purée illisible de l’offre de soins. (…) À une confusion des rôles ». Par ailleurs, sur le sujet de la formation initiale et continue, il a déploré la remise en question de la place dans le dispositif DPC des remplaçants et des maîtres de stage des universités.
Sur la question du terrain de jeu, Paul Frappé met en garde de ne pas choisir un « terrain glissant » qui en médecine serait « la crédibilité de notre discours ». Il a ainsi présenté la nouvelle politique partenariale du congrès, « sans lien financier avec l’industrie de prescription ».
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