Introduit initialement dans la loi de financement de la Sécu pour 2014, le droit limité pour les pharmaciens de substitution des biothérapies par des biosimilaires avait été supprimé par la loi Sécu de 2020 – faute de modalités d'application en termes de traçabilité et de sécurité.
Mais à la faveur de l’examen de ce PLFSS (2021), deux députés du groupe Agir ensemble – Agnès Firmin Le Bodo (pharmacienne) et Paul Christophe – ont fait voter en commission un amendement (contre l’avis du rapporteur général) qui rétablit la possibilité de substitution des biosimilaires par les officinaux. Pour ces élus, cette mesure est à la fois un « facteur de lutte contre les pénuries de médicaments » et un « levier d'économie considérable ».
Effets secondaires
Le texte doit maintenant être examiné en séance publique mais cette piste inquiète la profession. « Il faut aller vers davantage de biosimilaires mais certainement pas par un échange au comptoir du pharmacien car un biosimilaire n’est pas un médicament générique », objecte le Dr Franck Devulder. Le président des Spécialistes-CSMF insiste sur les risques de cette substitution chez le pharmacien, notamment « en matière d’observance, d’effets nocébo connus du switch sans concertation, d’une plus grande difficulté d’usage, d’un risque d’immunogénicité ». « Ce switch nécessite une large information du patient pour son accord et un suivi rigoureux et prolongé par le médecin. Il faut aller vers des biosimilaires mais en incitant plus les prescripteurs », plaide le Dr Devulder.
Partage d'économies ?
Précisément, dans le cadre négociations conventionnelles en cours, la CNAM a mis sur la table un « dispositif d'intéressement » pour encourager les prescripteurs libéraux à jouer le jeu des biosimilaires. Les médecins conventionnés volontaires s’engageraient à prescrire des biosimilaires en initiation de traitement ou en échange d'un médicament référent vers un biosimilaire. Pour cet engagement, ils toucheraient une prime basée sur le partage des économies générées sur toute une année : par exemple 80 % pour la CNAM et 20 % pour le praticien.
Pour 2021, le potentiel d'économies serait de 42 millions d'euros. À ce stade, cinq médicaments pourraient être concernés : étanercept (Enbrel), adalimumab (Humira), tériparatide (Fostéo), follitropine Alfa (Gonal-F) et énoxaparine (Lovénox). Pour les médicaments à prescription restreinte (étanercept, adalimumab et follitropine alfa), seuls les médecins des spécialités autorisées à prescrire sont éligibles au dispositif. Les biosimilaires permettent à la Sécu de dégager environ 1,2 milliard d’euros d'économies par an.
Quatre généralistes font vivre à tour de rôle un cabinet éphémère d’un village du Jura dépourvu de médecin
En direct du CMGF 2025
Un généraliste, c’est quoi ? Au CMGF, le nouveau référentiel métier redéfinit les contours de la profession
« Ce que fait le député Garot, c’est du sabotage ! » : la nouvelle présidente de Médecins pour demain à l’offensive
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur