Avant son déplacement politique, le 10 septembre à Antibes, à l'Université d'été de la CSMF, le ministre de la Santé Olivier Véran a cherché à prendre le pouls de la médecine libérale et à rassurer sur les sujets qui fâchent, à la faveur de discrètes rencontres bilatérales avec les syndicats signataires de l'avenant 9 (CSMF, MG France, Avenir Spé-Le BLOC).
Ciblage
Après que Jean Castex a assuré qu'il ne transigerait pas sur le respect de l'obligation vaccinale des soignants et autres professionnels en contact avec des personnes fragiles au 15 septembre, avec des contrôles prévus dans ce cadre – y compris en traquant les arrêts de travail de complaisance pour des salariés qui refusent de se faire vacciner –, le ministre de la Santé a tenu à rassurer les syndicats qui craignent une pression sur les généralistes. « Les contrôles de la CNAM seront ciblés sur les médecins qui feraient des arrêts de travail complaisants pour des soignants probablement par militantisme antivax », décrypte le Dr Jacques Battistoni, président de MG France.
Autre ouverture, sur le plan logistique cette fois. Dans le cadre de la campagne vaccinale, en attendant la généralisation du vaccin Pfizer aux professionnels de ville (pharmaciens, médecins, infirmiers et sages-femmes), le ministère travaillerait sur un dispositif permettant aux médecins d'échanger les doses de Moderna contre celles de Pfizer. « Les généralistes préfèrent avoir Pfizer en raison de sa notoriété par rapport à Moderna et surtout le nombre de doses par flacon (10 pour Moderna et 6 pour Pfizer = Ndlr). Cela facilite les rendez-vous aux cabinets », ajoute le patron des généralistes.
Moratoire
Les échanges de rentrée ont aussi porté sur l'avenant 9 à la convention, signé fin juillet. Face au mécontentement de la fédération SOS médecins, exclu de l'élargissement de la visite longue (VL) à 70 euros, et qui envisage un mouvement d'arrêt d'activité, « Olivier Véran a promis de faire quelque chose pour les généralistes de SOS que nous soutenons », assure le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF. De son côté, MG France dit soutenir la valorisation de la majoration du déplacement (MD), revendiquée par SOS médecins. « Cette mesure coûte de l'argent. Pendant les négociations, c'était ça [la majoration de déplacement] ou la visite longue. Nous avons privilégié la VL pour les médecins traitants. Mais nous souhaitons que la revalorisation de la MD soit discutée dans le futur projet conventionnel », explique le Dr Battistoni.
Autre promesse ministérielle : l'accompagnement financier des équipes de soins spécialisées (ESS). « Olivier Véran est très intéressé par ce concept, affirme le Dr Ortiz. Il souhaite mobiliser les fonds FIR [fonds d'intervention régional] pour soutenir les équipes en projet ou en fonctionnement. »
Enfin, le ministre a aussi tenté de rassurer les syndicats sur l'absence de nouvelle mesure de délégation de tâches dans le prochain budget de la Sécurité sociale en préparation (PLFSS 2022). Lors de la rencontre, MG France a demandé « un moratoire de ces délégations de tâches imposées ». « Le ministre a dit qu'il n'y en aurait pas. Mais nous restons vigilants. »
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