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Dossier

L'accès aux soins, partie de campagne

Déserts médicaux, on fait quoi ?

Par Cyrille Dupuis et Loan Tranthimy - Publié le 18/03/2022
Déserts médicaux, on fait quoi ?

Selon les enquêtes, 7 à 9 millions de Français sont aujourd'hui dépourvus de médecin traitant
PHANIE

Les mesures incitatives prises ces dernières années n'ont pas permis d'enrayer la désertification médicale, poussant les élus locaux, notamment ruraux, à réclamer une régulation des installations. De nombreux départements s'emploient à innover, comme la Mayenne où s'est rendu « Le Quotidien ». La question de l'accès aux soins s'invite dans la campagne présidentielle.

7,4 millions de personnes vivent dans une commune où l’accès à un généraliste est limité, soit plus d’un dixième de la population (11,1 %), selon l'observatoire de la santé 2020 de la Mutualité française. Cette proportion n’a cessé de croître puisqu’elle était de 7,6 % en 2012 et de 8,6% en 2016. Et selon la Cnam, plus de six millions de patients sont privés de médecin traitant, dont 10 % en ALD. 

La situation va continuer à se détériorer avec les départs massifs de médecins à la retraite dans les prochaines années. Les départements ruraux sont particulièrement touchés mais plus seulement. En Île-de-France, où 62 % des habitants se trouvent déjà dans une zone d'intervention prioritaire (ZIP, là où la situation est la plus tendue), la moitié des praticiens libéraux franciliens a plus de 60 ans, ce qui vient de conduire l'URPS à sonner l'alarme (lire page 14). 

Face aux fractures territoriales et à l'impuissance relative de l'État, élus locaux et collectivités territoriales se retroussent les manches : octroi de bourses aux étudiants, financement de maisons de santé libérales, embauches directes de médecins salariés au sein de centres départementaux, aides au logement… Pour trouver d'autres solutions, le conseil départemental de la Mayenne a lancé des états généraux de la santé dont « Le Quotidien » a suivi un débat public, à Laval (lire page 13). 

De son côté, l'association des citoyens contre les déserts médicaux (ACCDM), créée en 2016, a interpellé les candidats à la présidentielle, qui oscillent entre incitation et coercition (lire page 15). Elle a aussi déposé en vain un recours en Conseil d'État pour « statuer sur la carence sanitaire », en raison du lien supposé avec la perte d'espérance de vie dans les déserts médicaux.

L.T. et C.D.