Il est concerné au premier chef même s'il n'est finalement qu'une voix parmi la soixantaine d'autres composant le Haut Conseil pour l'avenir de l'Assurance-maladie (Hcaam), instance qui planche sur quatre scénarios de renouvellement de l'articulation entre l'Assurance-maladie obligatoire (AMO) et les complémentaires.
Invité d'un petit-déjeuner de l'Association des journalistes économiques et financiers (Ajef), jeudi 25 novembre, Thomas Fatôme, directeur général de la Cnam, a jugé le débat « intéressant » mais souligné que celui-ci est « politique » et non simplement technique. Pour cette raison, le patron de l'Assurance-maladie s'est bien gardé d'exprimer une quelconque préférence pour l'un des quatre scénarios dont le plus commenté est celui de la Grande Sécu (extension du champ de l'AMO qui prendrait intégralement un panier de soins aux prix encadrés). « La focalisation autour de la grande Sécu est un peu dommage, estime le DG. Très sincèrement, je m'intéresse à chaque brique des différents scénarios. »
Pour autant, les questions posées viennent titiller le patron de la Cnam. « Notre système couvre indiscutablement bien les Français et les expose à des niveaux de reste à charge les moins élevés possibles tout en leur donnant une liberté de choix, plaide-t-il. En revanche, ses coûts de gestion de 14 milliards d'euros quand on additionne AMO et AMC sont un vrai sujet. » Des coûts de gestion qui, du côté de l'Assurance-maladie, auraient diminué de 10 % entre 2013 et 2019, glisse-t-il au passage, façon de souligner que le régime obligatoire a fait sa part du chemin. Il note en revanche que « la question du coût d'acquisition de la complémentaire pour personnes âgées n'est toujours pas résolue ». Un diagnostic relativement partagé.
Dépassements d'honoraires, on fait quoi ?
Par ailleurs, dans son état actuel, le rapport du Hcaam, qui est censé être bouclé d'ici à la mi-décembre, n'épuise pas la question des dépassements d'honoraires. « C'est un élément qui rend l'hypothèse de la Grande Sécu compliquée, analyse-t-il prudemment. Mais nous aurons l'occasion de le réaborder à l'aune de la prochaine convention médicale que nous commencerons à négocier avec les syndicats des médecins libéraux à la fin de l'année 2022. Nous devrons à cette occasion travailler à améliorer l'accès aux soins de nos patients tout en garantissant une rémunération attractive aux professionnels. »
Or, les complémentaires santé participent à ces négos conventionnelles. D'où la prudence de Thomas Fatôme. « Je ne crois pas un scénario de "débouclage" où l'AMO prendrait certaines choses à 100 % et les complémentaires tout le reste, avance-t-il. Ce n'est pas ce que nous avons fait sur 100 % santé qui est aujourd'hui un vrai succès pour le dentaire et l'audioprothèse. »
Côté médecins, la profession est partagée. Mais la CSMF a réitéré ce vendredi l'expression de sa vive inquiétude. Elle considère que la mise en place de la Grande Sécu « entraînera la disparition progressive de la médecine libérale et une évolution vers une rigidification et une fonctionnarisation des acteurs. Cette étatisation se traduira à terme par une perte de liberté pour les patients ».
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