« La médecine libérale prend une part majeure dans la prise en charge de l’épidémie et on constate avec colère que le gouvernement ne prend pas en compte son implication ». Lors d'une visioconférence ce mardi, le président de la CSMF, le Dr Jean-Paul Ortiz, s'est montré une nouvelle fois très critique vis-à-vis des choix du gouvernement en direction de la médecine de ville.
En pleine deuxième vague, et alors que l'exécutif revendique justement une meilleure coordination avec la médecine libérale, les attaques du leader confédéral concernent d'abord la stratégie de dépistage. Divers « dysfonctionnements » résultant des « hésitations du gouvernement » ne facilitent toujours pas la tâche des médecins.
Les aléas du contact tracing
C'est le cas du contact tracing dans le cadre des tests RT-PCR. « Lorsque le fichier SI-DEP (système d'information de dépistage) est renseigné et le "contact Covid" ouvert par l'assurance-maladie, le médecin traitant n'y a souvent plus accès... Cela veut dire qu'on ne peut rien renseigner et modifier. Cela fait une dizaine de jours que nous avons demandé d'améliorer ce dispositif. Ce n'est toujours pas fait », explique le patron de la Confédération.
Autre sujet qui fâche : les fameux tests antigéniques en cours de déploiement France entière. Selon le néphrologue de Cabestany, « la doctrine sur l'utilisation de ces tests n'est toujours finie ». Malgré la publication de recommandations de la Haute autorité de santé (HAS) sur les situations cliniques pour ces tests antigéniques, le Dr Ortiz attend toujours un arrêté pour préciser leur doctrine d'utilisation et les conditions de retour d'information lorsque les tests sont effectués par des pharmaciens ou infirmiers. « Est-ce qu'on reste sur la recommandation de la HAS ou l'élargit-on aux patients à risque de forme grave pour gagner du temps [...] Et puis on ne sait pas si le médecin traitant sera informé par le professionnel qui fera le test. La stratégie est déficiente. »
Injuste
Mais pour la Confédération, c'est surtout la faiblesse des arbitrages financiers au profit de la médecine libérale qui ne passe pas. Alors que le budget de la Sécu a programmé 12,5 milliards de dépenses supplémentaires, l'enveloppe de 300 millions octroyée aux revalorisations en ville est vécue comme une marque de mépris. « Je trouve cela très injuste », résume le Dr Ortiz, qui a quitté les négociations conventionnelles pour cette raison des moyens insuffisants (et appelé les médecins à facturer les actes gratuits).
Mais le lien n'est pas rompu avec la CNAM. La CSMF reviendrait à la table des négociations sous trois conditions : une enveloppe d'un milliard d'euros pour l'avenant en cours de négociation ; la suppression du délai de six mois des stabilisateurs économiques (qui repoussent d'autant les revalorisations); et l'avancement de la date du report de la convention jusqu'en juin 2021 au lieu de mars 2023 comme prévu dans le PLFSS.
Un service pratique SOS Covid
En attendant, pour aider les médecins libéraux confrontés aux instructions parfois « confuses » à s'y retrouver (arrêts de travail, dérogations, nomenclature, etc.), la CSMF propose une adresse mail (sos.covid@csmf.org) et un portail associé (sos.covid.csmf) où des questions pratiques peuvent être posées aux experts du syndicat.
Le compte Médecins Libéraux Coronavirus est devenu sos.covid.csmf
— sos.covid.csmf (@sos_covid_csmf) November 10, 2020
Le Dr @drjportiz, président de la @CSMF_officiel, vous présente le nouvel objectif de ce compte.
Vos questions à nos experts sur sos.covid@csmf.org pic.twitter.com/oX5Pvp775W
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