Dans un entretien au « Quotidien », le directeur général de la CNAM, Thomas Fatôme, explique comment l'Assurance-maladie s'investit en cette rentrée dans la vaccination contre le Covid. Il affiche sa fermeté sur les arrêts de travail de complaisance et promet des contrôles dans ce cadre. Il précise que depuis fin juillet 15 000 médecins traitants ont demandé la liste de leurs patients non vaccinés. Et affiche deux priorités : les personnes qui ont des comorbidités et les plus de 80 ans.
LE QUOTIDIEN : Depuis la mise à place de l’obligation vaccinale pour les soignants et du pass sanitaire pour certaines professions, craignez-vous un phénomène d’arrêts de travail de complaisance ?
THOMAS FATOME : C’est un sujet que nous surveillons de très près et vouloir contourner l’obligation vaccinale par un arrêt de travail est évidemment inacceptable. Il ne serait pas non plus entendable que des arrêts de travail soient prescrits simplement pour des assurés qui n‘auraient pas encore achevé leur parcours vaccinal.
L’Assurance-maladie mettra en œuvre des contrôles, à la fois des prescripteurs d’arrêts de travail et de leurs bénéficiaires, dans le cadre de sa mission générale de contrôle sur ces sujets. Si nous recevions des signalements de la part des employeurs, des contrôles seront effectués. Mais je crois qu’on peut surtout se féliciter de la performance formidable de la couverture vaccinale dans notre pays grâce à la mobilisation des professionnels de santé et la motivation des assurés.
Comment l’Assurance-maladie s’investit-elle pour aller encore plus loin ?
Nous avons deux priorités : les personnes qui ont des comorbidités et les plus de 80 ans. Les premières sont contactées par téléphone depuis la fin juillet par le service médical de l’Assurance-maladie pour leur proposer des rendez-vous de vaccination. Nous présenterons un bilan de cette opération au courant du mois de septembre.
Chez les plus de 80 ans, il y a encore 500 000 personnes qui ne sont pas vaccinées. Certaines ne le souhaitent pas. Mais nous pensons qu’il y a probablement plusieurs centaines de milliers de personnes à domicile que nous pouvons encore convaincre dans la logique de « l’aller-vers ». Chaque médecin traitant a en moyenne 10 patients de plus de 80 ans non vaccinés. Les deux tiers d’entre eux ont été contactés cet été par les délégués de l’Assurance-maladie pour les aider à vacciner en lien avec les infirmières libérales et les pharmaciens. Globalement depuis fin juillet 15 000 médecins traitants ont demandé la liste de leurs patients non vaccinés. Je souhaite que ce nombre augmente.
La mission de contact tracing de l’Assurance-maladie a-t-elle vocation à perdurer ?
Oui, il n’est pas question de le désarmer pour l’instant et il restera en place aussi longtemps que les autorités sanitaires le considéreront nécessaire. Le contact tracing a beaucoup évolué depuis le début de l’épidémie puisque par exemple les personnes vaccinées n’ont plus besoin de s’isoler quand elles sont cas-contact. Actuellement, il y a un peu moins de 7 000 agents mobilisés, essentiellement des nouvelles recrues en CDI et CDD depuis six mois, qui sont mobilisés et effectuent entre 30 000 et 50 000 contacts par jour.
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