Une épidémie de téléconsultations

Les chiffres parlent d'eux-mêmes : 5,5 millions de téléconsultations ont été remboursées par la Sécu entre mars et avril. De quelques milliers d'actes à distance par semaine avant le premier confinement, le nombre hebdomadaire de téléconsultations a atteint près d’un million en avril… Les téléconsultations ont représenté jusqu’à 27 % en moyenne de l’ensemble des consultations (physiques et en vidéo). Plus de 80 % ces consultations à distance sont le fait de généralistes.

La dynamique s'est confirmée avec le second confinement. Tombées à 150 000 par semaine fin août, les consultations à distance ont rebondi pour se stabiliser autour des 500 000 par semaine en novembre. Un rythme qui confirme que cet usage s'ancre dans les habitudes. En tout, plus de 17 millions de téléconsultations ont été facturées à la Sécu depuis la mi-mars. Un résultat inimaginable un an plus tôt pour cette pratique longtemps confidentielle…  

Ce déploiement fulgurant a été soutenu par les mesures dérogatoires à l'avenant 6 de juin 2018, qui repose sur deux principes : l’inscription de la télémédecine au sein d’un parcours de soins (avec orientation initiale par le médecin traitant lorsqu'il ne réalise pas la téléconsultation) et la connaissance préalable du patient par le praticien qui réalise l’acte à distance. Outre une prise en charge à 100 %, l'Assurance-maladie a ainsi décidé de déroger à la connaissance préalable du patient et du respect du parcours de soins pour les patients atteints du Covid-19, d'autoriser les consultations complexes et avis ponctuels de consultant par vidéo et même des téléconsultations par téléphone, 

Les autorités veulent transformer l'essai. Déjà, le budget de la Sécu (PLFSS 2021) a prolongé la prise en charge intégrale des téléconsultations par le régime obligatoire jusqu'en décembre 2021. Parallèlement, lors des négociations conventionnelles, la CNAM a envisagé de nouveaux aménagements – dont la levée de la règle d’une consultation présentielle dans les 12 mois précédents pour l'ensemble des spécialités et le médecin traitant. Une stratégie qui vise à installer la téléconsultation dans la durée.