Niché au cœur de Clamart (Hauts-de-Seine), le cabinet médical connaît une effervescence inhabituelle, ce jeudi matin, à l'heure du coup d'envoi de la campagne vaccinale en ville. Le Dr Jean-Paul Hamon a donné rendez-vous, de 8 h 30 à 10 heures, à ses dix patients âgés de 50 à 64 ans pour leur première vaccination contre le Covid-19. La veille, le généraliste de 74 ans est allé chercher le précieux flacon de dix doses à sa pharmacie de référence. Depuis plus de dix jours, la secrétaire a appelé un à un les 25 patients identifiés par le médecin comme cibles éligibles. Sur les 400 patients en ALD suivis par le médecin, 50 à 60 personnes souffrant de comorbidités correspondent à la recommandation de la Haute autorité de santé (HAS). « Quatorze n'ont pas répondu en raison probablement des vacances, une a refusé car elle ne voulait que du Pfizer et onze réponses étaient positives, c'est parfait », commente, satisfait, le praticien en blouse blanche.
« J'ai encore des doutes »
Dans la salle d'attente, Dominique Grelier, qui habite à Clamart depuis deux ans et demi, attend son tour. La soixantenaire ne cache pas son empressement de se faire vacciner pour « sortir de cette situation ». « Dès que j'ai su que mon médecin traitant pouvait le faire, j'ai tout de suite appelé pour prendre rendez-vous. Je n'ai pas peur des effets indésirables. J'ai totalement confiance en mon médecin ». Cet enthousiasme est loin d'être partagé par Sylvie Tournadre, 57 ans, qui a été la première à recevoir la piqûre. « J'ai encore des doutes sur l'efficacité d'AstraZeneca. Les avis sont encore très contradictoires mais il faut bien se protéger », raconte-t-elle. Assis plus loin dans la salle d'attente, Manuel Esteve, 64 ans, attend son tour. Contacté la semaine dernière par le cabinet médical, ce troisième patient avoue aussi son hésitation. « Pfizer est plus efficace qu'AstraZeneca. Je me suis informé, j'ai posé des questions à mon médecin qui m'a rassuré », confie le jeune retraité.
Ce matin, sur les dix patients volontaires, la moitié se méfiait de l'efficacité du vaccin AstraZeneca. Le généraliste dit comprendre les réticences. Mais, « il y a une étude écossaise qui montre que ce vaccin est efficace à 90 %. Les seuls effets secondaires sont les syndromes grippaux. Je donne donc systématiquement une ordonnance de paracétamol », argumente le président d'honneur de la FMF. La semaine prochaine, son cabinet médical, composé de trois autres généralistes, devrait recevoir jusqu'à trois flacons. « Si tout se passe bien, nous pourrons finir cette vaccination dans quinze jours », affirme le médecin.
Une sonde de température
Une prévision que le Dr Richard Handschud, n'est pas encore prêt à faire. Le généraliste, installé seul dans le 20e arrondissement à Paris, ne commence sa vaccination qu'à partir de demain. Depuis une semaine, il s'organise avec son interne pour contacter les personnes cibles venues en consultation ces derniers jours. Il appelle également les soignants en contact avec les malades et les aides ménagères qui vont à domicile.
Malgré les démarches nécessaires (commande des doses auprès de la pharmacie, maintien des flacons dans un réfrigérateur…), le secrétaire général de MG France Paris reste motivé. « J'ai dû aller acheter une sonde de température pour le réfrigérateur, ce que je n'ai pas fait alors que je suis installé depuis 42 ans ! J'ai aussi retiré la pomme et les pots de yaourt pour ne pas contaminer les vaccins. En tout cas, je n'ai pas eu de refus. J'ai hâte de vacciner mes patients », avoue-t-il. Pour cette semaine de démarrage, 29 000 médecins libéraux, principalement des généralistes se sont portés volontaires comme les Drs Hamon et Handschud.
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