Trois jours après le début de la phase de déconfinement, le ministre de la Santé Olivier Véran était en déplacement ce jeudi dans la région Auvergne-Rhône-Alpes pour s’assurer que la stratégie du déconfinement, validée par les parlementaires, se met effectivement en place. Basé sur le triptyque « Protéger, Tester et Isoler », le plan mise particulièrement sur la participation des médecins généralistes pour détecter précocement les patients malades et remonter leurs cas contacts. Ce matin, le ministre a donc suivi le parcours type d’un patient avec des symptômes (difficultés respiratoires) liés au Covid-19, testé positif, puis soumis au contact tracing...
Première étape : la visite de la maison de santé pluridisciplinaire Albert-Einstein de Vénissieux, ouverte en juillet 2019. Depuis le début du confinement, cette structure a mis en place un circuit dédié aux patients présentant les symptômes Covid. Après lavage des mains obligatoire – auquel se soumet Olivier Véran – les patients symptomatiques sont orientés vers une salle d'attente puis pris en charge par l’un des six médecins de la MSP. La salle d'examen comprend un minimum de matériel (pour limiter le matériel à désinfecter), précise le Dr Pascal Dureau, l'un des généralistes.
Consentement éclairé
Au ministre, le médecin a expliqué qu'il est très attaché au consentement éclairé du patient dans la procédure de « contact tracing ». Ici, les médecins feront signer un document écrit au patient. « Ce n'est pas nécessaire », lui rappelle Olivier Véran. « On ne peut pas forcer le patient mais le consentement est tacite » insiste le ministre. Peu importe. « Nous souhaitons que le patient adhère au processus. Pour nous, c’est une exigence éthique », explique le Dr Dureau au « Quotidien ».
Pendant la visite du ministre, la MSP a diagnostiqué deux nouveaux cas de Covid-19. « Nous avons mis en route la procédure avec la prescription du test, des masques, un arrêt de travail, la déclaration au fichier contact tracing. Pour les cas contacts proches, c’est-à-dire les membres de la famille, nous allons les réunir à une heure pour faire les prélèvements », détaille le généraliste.
Informations limitées
Pour les autres cas contacts en dehors de la famille, c’est la caisse primaire d’assurance-maladie qui prend le relais pour la procédure de recherche.
Pour illustrer cette procédure d'enquête sanitaire, Olivier Véran s’est rendu sur une plateforme téléphonique mise en place par la caisse primaire du Rhône où travaillent des salariés de la Sécu, chargés d'informer les patients Covid+ des dispositions à prendre et de retrouver les personnes contacts fournis par les patients testés positifs.
« J'ai dit oui mais j'aurais pu dire non »
Face aux craintes concernant la violation du secret médical, le ministre a de nouveau insisté sur le fait que les informations qui figurent sur le fichier « contact-tracing » renseigné par les médecins sont limitées. Y figurent le nom, numéro de Sécurité sociale, adresse, téléphone, symptômes, test de dépistage, lieu de travail, établissements (maison de retraite, crèche, école, prison) et individus fréquentés dans les deux semaines précédant le diagnostic.
Le ministre rappelle que le patient dépisté positif n’est pas obligé de donner ses contacts. « J’ai dit oui pour donner mes contacts mais j’aurais pu dire non, c’est dans la loi. J’ai accepté car c’est important d’identifier les personnes possiblement infectées », dit-il.
Sur la plateforme du Rhône 125 salariés ont été mobilisés et sont capables de « tracer » 100 personnes par jour. Mercredi, ils ont recensé 11 patients positifs et 29 cas contacts, soit trois par patient. Tous ces salariés sont soumis au secret médical. Seuls les médecins de la CPAM ont accès au SI-DEP (système d’information de dépistage) dans lequel les laboratoires publics et privés entrent les résultats des tests PCR.
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