Après le Ségur de la Santé l’été dernier avec les hospitaliers, celui de 2021 va-t-il se conclure sur un New Deal avec les libéraux ? Thomas Fatôme, patron de l'Assurance maladie, l’espère bien, lui qui annonce tenir un train de revalorisations historique pour les médecins de ville, avec la volonté de conclure fin juillet sur cette base. Est-ce réaliste, alors que la négociation a échoué une première fois en décembre ? Et que, côté médecins, on estime que le compte n’y est toujours pas, malgré des coups de pouce promis par l'assurance maladie sur les actes de coordination, les honoraires des spécialités cliniques les moins favorisées et la visite du généraliste. On dira que ces réticences syndicales rentrent dans les jeux de rôle traditionnels en période de discussions conventionnelles, un positionnement que la concurrence accrue entre organisations, constatée depuis les dernières élections, exacerbe. Mais cette fois, ce peu d’enthousiasme s’explique aussi par d’autres motifs.
Question d’opportunité, d’abord. Les libéraux considèrent, à juste titre, qu’ils sont en droit d’obtenir de vraies compensations après la crise du Covid, qui s'est traduite pour eux par des pertes de revenus, malgré un investissement redoublé et des conditions de travail particulièrement éprouvantes. Dans ce contexte, il est logique que les représentants des praticiens libéraux tentent d’obtenir une enveloppe plus conséquente que les 500 millions d’euros qui leur seraient pour l’heure alloués.
Cette fébrilité s’explique par ailleurs par des raisons de calendrier. Car tout le monde sait que le train ne repassera pas deux fois, les négociations sur la prochaine convention ne devant se tenir qu’à partir de… 2022 ! Or il est toujours plus facile d’obtenir des largesses des pouvoirs publics avant qu’après une présidentielle…
L'impatience des syndicats s'explique enfin par l’évolution rapide du système de santé, avec des glissements de périmètres des médecins vers les autres soignants. À l’œuvre depuis le début de la législature, cette dynamique de délégations de tâches devrait encore s’accélérer dans les mois qui viennent. Ces tout derniers jours encore, un projet de décret, une proposition de loi et un rapport parlementaire attestent d’une volonté forte chez les politiques d’élargir les compétences des paramédicaux, que ce soit en promouvant les IPA ou en élargissant les décrets de compétence des infirmières, aux urgences, en pédiatrie ou pour le suivi des malades chroniques. Chez les médecins — qu’on s’émeuve ou qu’on s’accommode de ces abandons de « souveraineté » — tout le monde réclame, en contrepartie, des revalorisations substantielles des actes médicaux. Qu’il s’agisse de la coordination des soins, de l’expertise ou des soins non programmés, cet avenant 9 doit donc apporter du neuf aux médecins libéraux. Au-delà d’une discussion de gros sous, c’est la structuration de toute une profession qui est en balance.
Exergue : En contrepartie des délégations de tâches et transferts de compétences, les médecins libéraux réclament des revalorisations substantielles
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