2020, année de la « révolte » ? De l'affaire du midazolam au « mépris » de Ségur, les colères de la FMF 

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Publié le 07/01/2020

Crédit photo : S. Toubon

L'année 2020 démarre sous le signe de la colère pour la FMF. Alors que 2019 était synonyme « de mépris et d'arrogance » à l'endroit de la médecine de ville pour le syndicat polycatégoriel du Dr Jean-Paul Hamon, cette nouvelle année sera-t-elle celle « de la révolte » ou de la reconnaissance des professionnels libéraux ? Le Dr Jean-Paul Hamon croit peu à cette dernière option. Au contraire, estime-t-il, plusieurs signaux sont au rouge !

À commencer par l'affaire du midazolam, qui concerne un médecin généraliste de Seine-Maritime ayant prescrit de l'Hypnovel (midazolam) à cinq de ses patients suivis à domicile, alors que la molécule est réservée à l'usage hospitalier. Mis en examen par le parquet du Havre pour avoir « involontairement causé la mort » et interdit d'exercice, le médecin généraliste est soutenu par le président de l'Union régionale des médecins libéraux de Normandie, ainsi que par quelque 2 880 signataires (médecins et patients) d'une pétition.

La FMF a par ailleurs lancé un manifeste, signé par 825 confrères « solidaires », qui reconnaissent avoir, au cours de leur vie professionnelle, « accompagné des patients en fin de vie pour les aider à partir dignement sans souffrance, parfois au prix d'entorses aux règlements en cours ». « Encore une fois, cela illustre une forme d'hospitalocentrisme car on autorise des produits en établissements mais pas en ville, réagit le Dr Hamon. On condamne un médecin avant de l'avoir jugé, il faudrait plutôt autoriser le midazolam en ville, sur ordonnance sécurisée, et lui permettre de continuer à exercer ! Tous les médecins qui ont signé reconnaissent ne pas avoir toujours été dans les clous, et ce n'est pas pour autant qu'on a la seringue facile… »

Tensions sur le service d'accès aux soins

Autre sujet d'inquiétude pour le syndicat, les relations compliquées avec le ministère de la Santé, notamment sur le service d'accès aux soins (SAS) qui doit se mettre en place à l'été 2020 et sur lequel des annonces sont prochainement attendues. « Tous les syndicats de libéraux ont demandé la création d'un numéro spécifique, le 116 117, au ministère ainsi qu'une rémunération de 15 euros pour toute consultation régulée effectuée par un généraliste, rappelle le président de la FMF. Or on nous refuse cette majoration, alors que l'hôpital va expérimenter un forfait d'orientation rémunéré 60 euros. Et on nous dit en plus qu'il n'y aura qu'un numéro unique [le 113, NDLR] qui fera tout, y compris la prise de rendez-vous en ligne ! »

Dernier exemple en date du « mépris » de Ségur selon le Dr Hamon, les discussions en cours sur la maîtrise de stage. « Les syndicats de libéraux n'ont absolument pas été concertés alors que c'est une pierre angulaire de la formation médicale », assure le généraliste de Clamart, qui avait proposé dans ce cadre une rémunération incitative de 1 200 euros pour les internes, équivalente à celle perçue dans le cadre d'un contrat d'engagement de service public (CESP).

« Ce qui se passe depuis deux ans et demi au ministère est dramatique. Il est temps que ce gouvernement soit moins hospitalocentré et qu'il prenne de vrais conseillers libéraux, au lieu de nous considérer comme des mecs assoiffés d'argent », conclut le Dr Jean-Paul Hamon.


Source : lequotidiendumedecin.fr